Alma Adentro: The Puerto Rican Songbook

Chronique

Ici, l’explorateur ne coiffe pas un casque de colonisateur, mais sa seule arme reste le saxophone de celui, pour ainsi dire, qui revient au pays : le nouvel album de Miguel Zenon, star contemporaine à l’échelle du jazz, lui permet de rendre hommage aux plus grands compositeurs de son pays, et de revivifier leurs mélodies charmeuses par le souffle urgent du jazz.

Accompagné de son quartet habituel (Hans Glawischnig à la basse, le pianiste Luis Perdomo, et Henry Cole à la batterie), le natif de San Juan, protégé de Branford Marsalis, et ancien élève du prestigieux Berklee College of Music, en brave jazzman porto-ricain (un pays objectivement parent pauvre du latin jazz, face aux mastodontes que constituent Cuba et Brésil) s’est également adjoint un ensemble d’instruments à vent de dix éléments, et à installé tout ce petit monde dans une pièce unique de studio, ce qui en dit long sur la volonté de spontanéité, et d’authenticité, recherchée par l’artiste.

Les arrangements ont été confiés au pianiste Guillermo Klein, et le résultat, équilibre rare entre les vagues de cuivres en lignes munificentes, et le saxophone de haute énergie, s’avère tout simplement épatant. En outre, on créditera à Klein les ponts jetés entre un soliste éruptif, un ensemble de dix unités toujours malcommode à manier, et un quartet qui démontre, à plusieurs brillantes reprises, qu’il a quelque chose de brillant et d’explicite à apporter à l’ensemble (cf. le dialogue du saxo et d’Hans Glawischnig dans « Temes »). Enfin, Zenon démontre ici un registre remarquable, aussi à l’aise dans la tendresse que dans l’impétuosité festive, et on le sent réellement en totale empathie avec la nature profonde de chacune des compositions retenues.

Alma Adentro est un brillant disque de jazz. C’est un brillant disque creusant le sillon du patrimoine porto-ricain. Et, en fait, c’est un disque brillant. Tout simplement.

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