À la lisière

Chronique

L’album de la cinquantaine… Clarika chante La Lisière en ouverture de ce huitième opus, ce moment de la vie où « tout est devant, tout est derrière». Malgré ce constat en demi-teinte, la chanteuse n’a rien perdu de sa combativité, comme l’atteste la litanique Même pas peur, chanson électro-pop en mode mineur, typique de son univers. Le courage, la force, l’optimisme face aux aléas de la vie, tels sont les maîtres mots de Clarika depuis ses débuts en 1993. On retrouve le même état d’esprit dans La Belle Vie (tout tout de suite), même si la combativité s’allie de plus en plus chez elle à une forme de sagesse (le morceau est un hymne à la patience).

Mais Clarika est également douée pour l’observation intime et fragile d’elle-même (le très introspectif Âme, ma sœur âme), mais aussi du couple, et en particulier du désamour, l’un de ses thèmes de prédilection (Le Désamour, ainsi que Venise, amusant duo avec Pierre Lapointe). À propos d’humour, on retrouve très souvent la poésie décalée, voire enfantine, de l’interprète des Garçons dans les vestiaires, notamment dans L’Astronaute (sur la solitude, paroles et musique de son complice Jean-Jacques Nyssen), La Dentellière (où elle donne vie au personnage d’un tableau de Vermeer) et Je suis ton homme (toujours signée Nyssen). Conçu avec l’élégant Florent Marchet, qui avait déjà participé à la réalisation de Moi en mieux en 2009, À la lisière s’achève avec le piano/voix à trois temps L’Azur, qui traite avec gravité du thème brûlant de l’exil. En passant inlassablement du rire aux larmes, Clarika montre une nouvelle fois toute la richesse de son talent. ©Nicolas Magenham/Qobuz