Paul Bley
Ce grand pianiste canadien qui fut un acteur majeur du mouvement free des années 60 dépassait ce cadre avant-gardiste. En solo comme en trio, Paul Bley jouait avec l’espace et les silences comme peu de ses confrères. Prisé par Keith Jarrett, Pat Metheny et de nombreux autres jazzmen, son style mêlait à la fois une sorte de mystère et de beauté… Tout au long de sa vaste carrière, Paul Bley croisera le fer avec les plus grands, ses ainés comme ses contemporains. Et la liste de ceux avec lesquels il enregistrera ou se produira en concert est un vaste who’s who du jazz du XXe siècle : Charlie Parker, Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Art Blakey, Don Ellis, Jimmy Giuffre, Don Cherry, Ornette Coleman, Charlie Haden, Billy Higgins, Lee Konitz, Jaco Pastorius, John Surman, Marion Brown, Paul Motian, Bill Frisell, John Abercrombie, John Scofield, Pat Metheny, Annette Peacock, Niels-Henning Ørsted Pedersen, Dave Holland, John Gilmore, Dave Pike...
Né le 10 novembre 1932 à Montréal au Canada, Paul Bley tombe très tôt, à 5 ans seulement, dans le chaudron jazz et fonde le Jazz Workshop de Montréal dans les années 50, jouant même avec Charlie Parker. Après des études musicales à McGill, il quitte son Canada natal pour New York et la Juilliard School of Music où il poursuit son apprentissage jusqu’en 1954. A cette époque, il croisera le fer avec d’autres géants comme les saxophonistes Lester Young et Ben Webster. En 1953, il travaille avec Charles Mingus. La même année, le grand contrebassiste produit le premier album de Bley pour le label Debut, Introducing Paul Bley, et y participe même en compagnie d’une autre légende, le batteur Art Blakey.
En 1958, Paul Bley s’envole pour la Californie et engage les jeunes loups de l’avant-garde – Don Cherry, Ornette Coleman, Charlie Haden et Billy Higgins – pour se produire au Hillcrest Club à Los Angeles. A l’aube des années 60, le pianiste canadien participe à une autre aventure révolutionnaire : le Jimmy Giuffre 3, avec Giuffre à la clarinette et Steve Swallow à la basse. Un trio innovant au possible, sans batteur, et dans le répertoire duquel on peut entendre des pièces de son ex-femme, la pianiste et organiste Carla Bley.
A la même période, Paul Bley enregistre et tourne avec la saxophoniste Sonny Rollins, notamment sur Sonny Meets Hawk! avec Coleman Hawkins en 1963, un des disques de chevet du guitariste Pat Metheny. L’année suivante, Bley joue un rôle clef dans la naissance de la Jazz Composers Guild qui réunit la crème des musiciens de la scène free jazz à New York avec notamment Roswell Rudd, Cecil Taylor, Archie Shepp, Carla Bley, Michael Mantler, Sun Ra et bien d’autres.
Toujours en quête d’évolution comme de révolution, Paul Bley touche au piano préparé mais aussi à l’électricité. Il s’amuse ainsi à la fin des années 60 à tripoter les synthés Moog notamment, jouant même en concert avec cette atypique quincaillerie. Fin 1969, au Philharmonic Hall à New York, le Bley-Peacock Synthesizer Show fait sensation, avec Annette Peacock et ses expérimentations vocales on ne peut plus à part…
Mais progressivement, Paul Bley revient au piano pur et dur. En solo comme sur le superbe Open, To Love qui parait chez ECM en 1972 et sur lequel il interprète des pièces de ses deux ex-femmes, Carla Bley et Annette Peacock. Il ne cessera d’enregistrer assez régulièrement, signant des disques pour les labels ECM, Owl, SteepleChase, Improvising Artists, Soul Note et Justin Time. Il meurt le 3 janvier 2016 à l'âge de 83 ans. © MZ/Qobuz
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