You're Dead! (Instrumentals)

Chronique

Oeuvre conceptuelle autour de la mort, You're Dead! ferme la boucle de cinq albums partant de la naissance (1983) et se poursuivant par la ville d'adoption (Los Angeles), l'environnement extérieur (Cosmogramma) et intérieur (Until the Quiet Comes). Depuis 2006, Steven Ellison alias Flying Lotus s'attache à déconstruire les structures et abolir les genres par une fusion rare et puissante de trip-hop, rap, funk, electro, free jazz et samples variés.

Guère impressionné par le poids de l'histoire ou un quelconque atavisme, le petit-neveu d'Alice Coltrane ne relâche pas l'effort et prend d'assaut son sujet par une étourdissante suite, ouverte par un « Theme » orchestral tendu débouchant sur une improvisation jazz rock, « Tesla », guidée par Herbie Hancock, complétée par le duo anxiogène « Cold Dead » / « Fkn Dead ». Successivement, Kendrick Lamar et Snoop Dogg braquent « Never Catch Me » et « Dead Man's Tetris », où FlyLo prête son double Captain Murphy. Loin d'être défaitiste, le maître d'oeuvre envisage le chemin plutôt que la finalité, non sans un certain humour (« Hold up, I have a bullet in my head » clame-t-il sur ce dernier titre).

Avec un équipage prêt à le suivre dans ses délires nocturnes, comprenant Thundercat (basse), Damasi Washington (saxophone) et Deantoni Parks (batterie), l'ordonnateur s'évade dans ses rêveries sur « Coronator, the Terminator » et « Siren Song », aspiré par l'appel d'Angel Deradoorian. Cette parenthèse soul jazz refermée, le rythme reprend ses droits, de percussions orientales en beats synthétiques (« Ready err Not » / « Eyes Above »), au milieu d'une jungle de cymbales et de cloches scintillantes.

Enveloppée dans le souffle bebop de « Moment of Hesitation », la dernière nuit étoilée précède la dégénérescence et la dématérialisation du corps : « The Boys Who Died in Their Sleep » vient cueillir le malheureux, emporté par les esprits sur un tapis d'orgue, de rires et de chants maniaques. De l'autre côté du miroir (« Your Potential/Beyond »), Niki Randa apporte la touche finale à cette longue descente, planante et ambient, avant le saut dans l'inconnu. Ainsi se conclut le cycle de Flying Lotus, sur une réussite éblouissante.

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