Moral Panic

Nothing But Thieves

explicite

Paru le 23/10/20 chez RCA Records Label
Artistes principaux : Nothing But Thieves
Genre : Alternatif et Indé

Disponible en

24-Bit/44.1 kHz Stereo

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Placé sous la tutelle de mastodontes du rock alternatif du moment comme Muse ou Arcade Fire dont il a brillamment assuré les premières parties, le groupe britannique Nothing But Thieves s’installe petit à petit, sans coups d’éclat, comme une valeur sûre de cette scène, à l’heure de dévoiler un troisième album qui pourrait s’avérer déterminant dans sa progression ascendante. Moral Panic s’en donne en tout cas les moyens dès l’amorce avec un « Unperson » qui pose le décor par le truchement d’une section rythmique ultra compressée, flirtant avec un rock industriel surmonté de quelques notes de clavier aux relents new wave. La voix de Conor Mason se débat pour retenir les chevaux et maintenir la sensibilité mélodique qui est le propre du groupe.

Cet équilibre s’exprime avec davantage d’assurance sur « Is Everybody Going Crazy? » qui réussit parfaitement la combinaison de l’âpreté instrumentale et de la portée pop du chant, à l’instar d'Arctic Monkeys sur Humbug quand il opérait sous la houlette de Josh Homme. Mais cette habile combinaison se traduit parfois chez Nothing But Thieves par une formule plus lisse non moins addictive, avec quelques reflets de rock emo, comme My Chemical Romance, devenu adulte sur le tard. L’erreur de casting semble porter sur la chanson-titre, « Moral Panic », qui, par la voix trop mise en avant et ses atermoiements peu convaincants, fait dériver le fier navire vers des ondes internationales un peu trop polluées. La démarche de « Real Love Song » est beaucoup plus convaincante, avec une dynamique très lisible et efficace, s’appuyant sur des ressorts éculés mais efficaces comme le crescendo émotionnel à la Dry the River et le petit gimmick éthéré qui entre dans les esprits immanquablement. Le son mat de « Phobia » et le chant presque R&B n’est, lui, pas sans rappeler certains atours de Muse, et la sobriété musicale d’une Billie Eilish sur les couplets, tandis que les refrains dévoilent une technicité rythmique assez surprenante.

Cette même progression dessine la dynamique de « This Feels Like the End », avec moins de panache tout de même. L’intensité baisse de façon manifeste d’un cran en fin d’album avec un « Free If We Want It » nombriliste, qui passe pour un exercice de style vocal évoluant en un déploiement pop sans envergure. Les coutures commencent à se faire visibles et les progressions surprenantes au début deviennent quelque peu prévisibles, à l’instar de « Impossible ». Et ce ne sont pas la sucrerie disco-pop « There Was Sun », le pseudo revendicatif « Can You Afford to Be an Individual? » - deuxième question socialement concernée de l’album -, ou la ballade radiophonique « Before We Drift Away », qui atténueront cette impression de surenchère. Ce déséquilibre manifeste entre les deux moitiés de l’album laisse ainsi un goût amer d’inachevé tant la voie tracée par les premiers titres parvenait sans mal à convaincre.

©Copyright Music Story 2021

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