Eight Gates

Chronique

Le 16 mars 2013, l’alcool achève Jason Molina, leader de Magnolia Electric Co. et de Songs: Ohia. Influencé par Neil Young, Kurt Wagner et Will Oldham, le songwriter excellait dans les atmosphères de folk country troubadour bricolées, imposant aussi la singularité de son chant (qui en agacera plus d’un). Cette fin triste et précoce à seulement 39 ans amplifie son aura déjà culte au sein de la communauté de l’americana lo-fi… Eight Gates, qui paraît sept ans après sa disparition, réunit des enregistrements inédits. Vers 2006/2007, Molina quitte le Midwest pour Londres. Là, loin de ses proches, l’Américain explore sa nouvelle maison avec une certaine ferveur et mêle des anecdotes sur la riche histoire de la capitale anglaise à son parcours personnel.

En découvrant le fameux mur de Londres bâti par les Romains entre 190 et 225 et ses sept portes, il invente une huitième porte rien que pour lui et son esprit torturé. Molina se lance alors dans une tournée européenne durant laquelle, en Italie, il dit avoir été piqué par une araignée et, de retour à Londres, avoir consulté plusieurs médecins. Ses proches douteront de l’anecdote. C’est à cette période qu’il compose les chansons de Eight Gates, plutôt sombres et brumeuses comme ses premiers enregistrements. Dans un dénuement souvent radical, elles encagent le mal-être d’un auteur unique qui transforme sa désolation intérieure en séquences poignantes et souvent belles. Ses fans le savaient déjà et ces inédits le rappellent à ceux qui en doutaient. © Marc Zisman/Qobuz