The Gulda Touch, Vol. 1

Chronique

Avec son titre explicite, The Gulda Touch, cet album historique annonce tout de suite la couleur tant le pianiste viennois transgressait le style classique dès ses débuts. Ennemi de toute routine, personnalité controversée, Friedrich Gulda à l’aise dans plusieurs domaines musicaux apparemment bien cloisonnés était toutefois peu pris au sérieux par les amateurs de jazz qui lui trouvaient toujours une trop grande rigueur rythmique héritée de sa formation classique.
Dans ses premiers enregistrements réunis ici autour de Mozart et Schubert réalisés après son premier prix du Concours International d’Exécution Musicale de Genève alors très prisé, Gulda parle déjà sa propre langue. Il donne aux 4 Impromptus D. 899 de Schubert une apparence virile indomptée, loin du style galant de beaucoup de ses confrères.
Les œuvres de Mozart qui suivent sont traversées par un orage déjà presque romantique dès les premières mesures de la Sonate N° 8 en la mineur, K. 310. Dans l’andante cantabile con espressione qui suit, Gulda déploie un chant magnifique conduit d’une main sûre et expressive. Il ne cherche pas une amabilité de surface dans la Sonate N° 13, en si bémol majeur, K. 333 à laquelle il donne d’emblée une grande hauteur de vue grâce à sa prise de parole empreinte de sérieux, voire de gravité. Un certain sourire, quoique dans un jeu très articulée, vient clore ce début pianistique dans un allegretto grazioso final d’où est banni toute mièvrerie. © François Hudry/Qobuz