Spiritual Instinct

Chronique

Certains ont pu légitimement s’inquiéter quant au futur d’Alcest après qu'il a quitté son label historique Prophecy Productions pour signer chez Nuclear Blast, énorme écurie très typée metal. Le groupe de Bagnols-sur-Cèze conservera-t-il sa pureté ? Avec Spiritual Instinct, Alcest prouve que les changements administratifs n’ont guère de prise sur leur musique. L’essence de ce qui fait Alcest, cette alternance entre clarté aveuglante et noirceur totale, est ici poussée à son paroxysme, montrant bien que le combo n’a rien perdu de son originalité et de son identité. L’unicité de leur « blackgaze » est réaffirmée avec brio, les nuances se faisant encore plus tranchées qu’auparavant. Lorsque la lumière vient, ce n’est qu’après avoir traversé la noirceur la plus désespérée (L’Île aux morts, Spiritual Instinct). Alcest ne se repose pas pour autant sur ses lauriers et sait également surprendre son public, à l’instar de l’apparition d’influences folk (Le Miroir, sur un poème de Charles Van Lerberghe) ou de la composition extrêmement riche de certaines pistes où s’empilent avec talent de multiples tableaux et ambiances (L’Île aux morts, encore). Alcest continue de tracer sa voie tout en conservant sa capacité à surprendre et à s’enrichir, et il semblerait que personne ne puisse les arrêter. Tant mieux ! © Théo Roumier/Qobuz