Simple Things?

Chronique

Avec son cinquième album fidèle au concept du triptyque voix/basse/batterie, Mina Agossi ne révolutionne évidement plus les esprits comme à ses débuts. On admirait sa capacité à prendre des risques, son style surprenait. Alors, dix ans après EZ Pass to Brooklyn, la chanteuse, avec son disque Simple Things, n’étonne pas par ses innovations mais bien par sa pleine maîtrise du sujet.

L’écriture prend essentiellement corps autour d’Eric Jacot et de Mina Agossi. Le tandem est parfaitement équilibré entre une basse virile et obsédante et une voix féminine à fort caractère. La batterie d’Ichiro Onoe se fait une place avec sobriété et parcimonie. Les interventions de Manolo Badrena et de Fred Duppont sont telles des enluminures. De cet extrême dépouillement minimaliste se dégage pourtant toute la puissance de leur swing imparable et l’envoutement irrésistible de cette voix.

Avec un timbre chaud rivalisant avec les plus belles voix noires du jazz, Mina Agossi module les sons, les expressions, est parfaitement à l’aise a cappella, et s’amuse d’effets étonnants : ses imitations de guitare larsen, trompette wah-wah ou scratchs sont confondantes !

La compositrice et interprète s’approprie alors tous les styles : de la rengaine en version francisée du « A Good Man is Hard to Find » d’Eddie Green à la noirceur débauchée sur « 1983 » de Jimi Hendrix ; de la ballade désespérée avec « Funny » à la sensualité d’un « Feeling Good » ; jusqu’au « Money » de Pink Floyd, angoissant et digne de l’atmosphère d’un film noir.

Mina Agossi ouvre et clôt le disque sans équivoque par le titre éponyme de l’album, le très funky « Simple Things ». La boucle semble bouclée. Il est aisé d'imaginer que Mina Agossi saura emprunter de nouveaux chemins escarpés pour le plus grand plaisir des auditeurs conquis.




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