Schubert: Symphony No. 7 "Unfinished" & Franz Schuberts Begräbniß-Feyer, Roland Moser: Echoraum

Chronique

Heinz Holliger a choisi d’ouvrir le dernier volume de sa passionnante intégrale des symphonies de Franz Schubert à la tête du Kammerorchester Basel, avec le poignant Andante en si mineur, mouvement inachevé d’une hypothétique symphonie que le jeune homme se sentant mourir de la syphilis avait esquissé quelques semaines seulement avant sa mort. On y sent l’état du complet délabrement de sa pensée et, probablement, de son corps. Orchestré très sobrement par Roland Moser pour le présent enregistrement, cette pièce exprime cruellement la solitude et le désespoir de ce jeune homme mélancolique. Placé ainsi en incipit, cet Andante, dans la même tonalité que la Symphonie « Inachevée », semble en être le saisissant prélude.

Ce climat mortifère contamine tout cet enregistrement qui dresse une sorte d’autoportrait assez sombre de Schubert, encore accentué par cette curieuse Eine kleine Trauermusik (Une petite musique funèbre) que le jeune auteur composa pour sa propre mort à l’âge de… seize ans, ce qui en dit assez long sur l’état d’esprit qui a accompagné toute sa courte vie. Sous le titre Echoraum zu « Franz Schuberts Begräbniss-Feyer, le compositeur suisse Roland Moser a écrit un écho à cette pièce, sorte de cauchemar qui s’évanouit peu à peu dans l’éther.

Quant à la Symphonie « Inachevée » (présentée ici comme la n° 7), Heinz Holliger en donne une vision douce et lumineuse qui semble déjà avoir un pied dans l’au-delà. Ce portrait musical s’achève sur une ébauche de sourire avec l’arrangement orchestral qu’Anton Webern imagina sur la base de quelques Deustche Tänze (Danses allemandes), D. 820. Cet album quasi philosophique par son programme et par son interprétation vient apporter une lumière emplie d’humanisme et de compassion sur un compositeur dont la puissance expressive ne cesse de nous émouvoir. © François Hudry/Qobuz