Pēteris Vasks: Viatore, Violin Concerto "Distant Light" & Symphony No. 1 "Voices"

Chronique

La musique du compositeur letton Pēteris Vasks trouve de plus en plus de défenseurs ardents dans la nouvelle génération de musiciens. Sa musique est souvent prenante, planante, méditative, de sons lumineux. Son Concerto pour violon, Distant Light, est désormais entré au répertoire de nombreux violonistes – Renaud Capuçon l'a par exemple gravé pour Erato – ; son magnifique Concerto pour alto a été enregistré par son dédicataire, Maxim Rysanov, qui, pour BIS, avait également complété son enregistrement par le chef-d’œuvre qu'est la Symphonie n° 1, intitulée Balsis, "Voix" en français.

C'est d'ailleurs l'œuvre sans doute la plus « aride » de cette nouvelle parution : créée en Finlande en septembre 1991, elle correspond en tout point à l'esthétique sonore des créateurs, les musiciens de l'Ostrobothnian Chamber Orchestra, l'un des orchestres de chambre les plus fameux du pays de Sibelius, dirigé à cette époque par Juha Kangas. Balsis fait largement appel aux trémolos, aux longues tenues, ce qui fait immédiatement penser à l'esthétique sibélienne, mais le temps est passé, et cette partition de Vasks rappelle aussi parfois certains éléments figuratifs de Rautavaara, avec ses très poétiques imitations des bruits de la nature et chants d’oiseaux du second mouvement, Voix de vie, qui dépeint en réalité dans un langage surprenant, avec ses aplats continuels de cordes, la difficulté de vivre sous l’emprise soviétique. L’Orchestre de la radio de Munich, sous la direction du décidément très talentueux Ivan Repušić – écoutez l’opéra Ero de Gotovac, gravé chez CPO – en donne une interprétation très intense, d’une justesse inoubliable. A ne pas manquer.

Viatore, joué ici dans un arrangement pour 11 cordes, est de même qualité, quand Distant Light est incarné avec une rare finesse par le violoniste Stanko Madić et le chef croate. La porte d’entrée idéale pour aborder la musique du plus grand compositeur letton de notre époque. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz