Navegar

Chronique

Joao Selva est un grand voyageur. Né dans le quartier d’Ipanema à Rio de Janeiro, où son père pasteur lui a transmis sa passion de la musique et sa conscience sociale, le jeune homme s’est initié à de nombreuses formes de musique brésiliennes, encouragé dans son apprentissage de la guitare par Wanda Sá, figure de la seconde génération de la bossa-nova et de la MPB. Fort de ce bagage, Jonathan da Silva s’éloigne de sa terre natale à 18 ans en tant qu’artiste itinérant et traverse l’Afrique, l’Amérique du Sud ou les Caraïbes avec un spectacle pour enfants, avant d’atterrir à Lyon, où il a tôt fait de frayer avec la bouillonnante scène locale, jouant avec Sir Jean ou créant le trio Forró de Rebeca. Sa prédilection pour les aventures partagées le pousse à s’associer avec Flavia Coelho, invitée sur Meu Mano, le marseillais Papet J., pilier de Massilia Sound System, ou encore avec le producteur américain Maga Bo, proche de Diplo avec qui il crée le projet Sociedade Recreativa. Mais son association la plus déterminante est celle qui le lie avec le bassiste et producteur lyonnais Bruno « Patchworks » Hovart, responsable de l’album très remarqué de David Walters Soleil Kréyol, qui décide Joao Selva à se lancer dans une carrière solo. Navegar est la seconde escale de son voyage en tant que capitaine et figure de proue. Il y exprime la nature créole de ses racines lusophones et, sur fond de disco/funk vintage, il y insère des pointes de funana cap-verdien, d’afoxé du candomblé, de compas haïtien, de forro du Nordeste et inévitablement des zestes de samba carioca. Optimistes et enjouées, ses chansons rendent hommage à ses maîtres Joao Donato ou Marcos Valle (Cadê Você), parlent d’amour physique (Devagar, Meu Mundo) ou spirituel (Meu Mano), ou encouragent ses compatriotes englués dans le système Bolsonaro à garder l’espoir et la tête haute (Camara). Navegar est un joyeux et léger voyage conscient du monde et soucieux du bien-être de ses habitants. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz