1958 - La Grande nuit de l'opéra (2021 Remastered Version)

Chronique

Tels les arbres au feuillage caduc, les albums de Maria Callas reviennent régulièrement au catalogue pour entretenir le mythe et informer les plus jeunes mélomanes. Annoncé à l’époque comme « le plus grand spectacle du monde », l’unique apparition de Maria Callas à l’Opéra de Paris fut surtout une des soirées les plus mondaines dont la capitale française a le secret. Devant un parterre de célébrités du monde de la musique, du théâtre et du cinéma, la Callas, fâchée avec l’Italie et juste avant de claquer la porte de la Scala de Milan et du Metropolitan Opera de New York, accordait une soirée à la France qui l’aimait tant, mais qui n’avait pourtant jamais songé à l’inviter.

Au-delà de l’aspect futile de cette soirée du 19 décembre 1958 officialisée par la présence du Président de la République René Coty - et par ailleurs fort bien décrite par son petit-fils, l’écrivain Benoît Duteurtre dans le très intéressant livret accompagnant cette nouvelle réédition -, les fans de Maria Callas seront heureux de retrouver cette « Grande nuit de l’opéra » déjà éditée par plusieurs labels avec un son remastérisé d’après les bandes originales et une nouvelle présentation graphique.

Accompagnée par un Orchestre de l’Opéra en petite forme sous la direction de Georges Sébastian qui avait auditionné la cantatrice bien avant qu’elle ne soit reconnue, Maria Callas nous offre une sorte de quintessence de son répertoire à une époque où sa voix commençait à décliner. Dopée par la chaleur du public parisien, elle interprète des extraits de Norma de Bellini (« Casta Diva »), l’un de ses opéras fétiches, et aussi du Trouvère de Verdi. Et, surtout, le deuxième acte entier de Tosca de Puccini (avec l’immense Tito Gobbi dans le rôle du terrifiant Scarpia) dans lequel la cantatrice déploie son extraordinaire talent dramatique qui transparaît même sans le recours à l’image.

Cette nouvelle édition chez Diggers Factory vient apporter une seconde jeunesse à cette archive précieuse entre toutes. © François Hudry/Qobuz