VACARME

Chronique

Faisons-la d’entrée, histoire de s’en débarrasser : Vacarme va faire du bruit ! Mais un bruit venu de l’intérieur. De tout au fond. Artisans d’un tel bruissement, des corps de cordes, exclusivement. Douze au total. Trois fois quatre. Celles des violonistes Christelle Lassort et Carla Pallone et du violoncelliste Gaspar Claus. Lui, c’est l’électron libre de son instrument, capable de déstabiliser le flamenco avec son père Pedro Soler ou d’arpenter les sentiers de la pop chambriste avec Sufjan Stevens et surtout de converser avec des gens aussi divers que Rone, Keiji Haino, Peter von Poehl, l’ex-Noir Désir Serge Teyssot-Gay, Bryce Dessner de The National, la chanteuse Barbara Carlotti et quelques dizaines d’autres…

Vacarme est donc un trio de cordes particulier flottant dans les éthers de la musique contemporaine, du postrock et de la musique minimaliste. L’enregistrement de ce premier album éponyme s’est déroulé en mai 2016, dans la salle de répétition de Katia et Marielle Labèque et sous la houlette de David Chalmin, qui a auparavant travaillé comme ingénieur du son avec les célèbres sœurs mais aussi Matt Elliott, Angélique Ionatos, Shannon Wright ou encore… Gaspar Claus justement. Une dense matière musicale a été enregistrée à partir de jeux d’improvisation durant ces sessions de studio. De cette matière ont été extraites les quarante minutes qui constituent ce disque offrant un fascinant travail improvisé sur les rythmes, les mélodies et les harmonies. Fans de l’œuvre de la compositrice minimaliste, électronique et spectrale Éliane Radigue, Lassort, Pallone et Claus inventent ici une langue fascinante bien à eux. Elle peut parfois paraître aride mais laisse entrevoir sa beauté intérieure lorsqu’on prend le temps de l’apprivoiser. Car c’est bien connu, après l’effort, le réconfort. © Marc Zisman/Qobuz