Franck: Symphony in D Minor - Rédemption - Le chasseur maudit

Chronique

L’année 2022 qui coïncide avec le bicentenaire de la naissance de César Franck a vu se multiplier les sorties d’albums - au demeurant souvent d’excellente facture - célébrant le compositeur liégeois. Accompagné du Frankfurt Radio Symphony dont il a la direction depuis 2021, le remarquable chef d’orchestre Alain Altinoglu clôture ce jubilé avec un splendide programme combinant la Symphonie en ré mineur, le poème symphonique Le Chasseur maudit, et un extrait de l’oratorio Rédemption. Boudée par le public parisien lors de sa création, la Symphonie en ré mineur est représentative du style de composition "cyclique" de Franck, les différents mouvements de l'œuvre jetant entre eux des passerelles par un système de citations croisées. Le Chasseur maudit est l’un des poèmes symphonique les plus connus de Franck. Inspiré d’une ballade du poète allemand Gottfried August Bürger, l’intrigue raconte la damnation d’un comte préférant se soustraire à la messe dominicale pour aller à la chasse. L'œuvre, particulièrement dense, restitue l’opposition des contrastes (bien/mal, sacré/profane) dans une explosion d’harmonies et de timbres extrêmement variés. Probablement le point culminant de cet album. Quant à Rédemption, l’oratorio fut composé en 1872 après la Commune de Paris, et on y retrouve les préoccupations politiques de l’époque : la quête de Salut, le deuil, et l'opposition naissante entre religion et scientisme. Si l’on peut à de menus endroits regretter une prise de son légèrement trop aigre, l’album est dirigé d’une main alerte par un Altinoglu qui maîtrise ses sujets à la perfection de même que leur intertextualité. Sous sa baguette, le Frankfurt Radio Symphony déploie un spectre large de timbres, silences, tempos et couleurs. Tout un univers neuf et fascinant se construit devant nous, et l’on y plonge sans hésiter. © Pierre Lamy/Qobuz