Ionisation; Percussion Music

Chronique

Attention : ça cogne ! Mais ça ne cogne pas forcément toujours aussi dur que ce qu’on pourrait penser. Car entre l’âpre monde urbain d’Ionisation (1931) de Varèse avec ses sirènes hystériques et ses sons ravageurs, le (déjà) minimalisme de Reich de Music for Pieces of Wood (1973) évidemment inspiré d’une Afrique imaginaire, le poétique et objectivement beau Song of Quetzalcoatl (1941) de ce magicien que fut Lou Harrison, la sauvage Toccata (1942) de Chávez, et l’ésotérique et implacable Third Construction (1941) de Cage, c’est tout le monde de la percussion qui s’ouvre à l’oreille ébahie. Bien sûr, nombre d’instruments ici utilisés ne proviennent pas que de la sphère européenne, moins riche sans doute que la sphère asiatique – les sphères asiatiques, devrait-on dire, car entre les percussions chinoises, japonaises et indonésiennes, par exemple, que de contrastes ! –, la sphère latino-américaine et même précolombienne ou encore la sphère africaine. L’ensemble états-unien Tetraktis se saisit avec ferveur de ces pièces, toutes nées dans la sphère américaine – on dit bien américaine, et non pas états-unienne seulement : Chávez était Mexicain ; quant à Varèse, né français certes, il se fit naturaliser Etats-Unien – dans le foisonnant creuset des années 1940 où tout semblait permis et, d’ailleurs, tout était permis. Seule l’ouvrage de Reich date de trois décennies plus tard, mais dans son genre aussi, il est précurseur. © SM/Qobuz