The Vienna Recital

Chronique

Le disque a toujours permis d’immortaliser les concerts et les récitals de solistes exceptionnels. Les mélomanes de toutes générations ont pu assister dans leur salon à de grands moments vécus dans les grandes salles du monde par les artistes mythiques du moment : Rachmaninov, Horowitz, Richter pour les anciens, Pollini ou Argerich pour les plus récents. Cet album publié par DG nous offre le récital donné le 26 avril 2022 au Konzerthaus de Vienne par une des phénomènes d’aujourd’hui : la pianiste chinoise Yuja Wang. Sa virtuosité diabolique et son tempérament de feu ont électrisé les foules dès ses débuts fracassants avec Claudio Abbado ou en remplaçant au pied levé des stars vacillantes comme Martha Argerich ou Radu Lupu. Mais, sous ses apparences clinquantes, le jeu de Yuja Wang n’est nullement superficiel, c’est aussi une musicienne cherchant au plus profond des partitions et des compositeurs qu’elle joue. Son programme décrit son éclectisme mieux que toute critique ne pourrait le faire. Peu de pianistes passent en effet avec une telle audace d’Albeniz, Malaga, extrait d’Iberia, à l’orageuse Troisième Sonate en fa # mineur de Scriabine avant deux Préludes très jazzy de Nikolai Kapustin et la Sonate N° 18 de Beethoven, elle-même suivie par deux Études de Ligeti. Quant aux nombreux bis, ils alignent sans aucun complexe Philip Glass, Márquez, Brahms et... Gluck! Il se dégage de ce récital réjouissant un fantastique appétit d’ogresse pour croquer la musique à pleines mains en la faisant rayonner avec jubilation pour son public. © François Hudry/Qobuz