The Sparrow

Chronique

Le troisième album du Néo-Zélandais James Milne a connu une gestation sur les routes des tournées, s’articulant, comme un journal intime musical, sur d’étranges rencontres, et des impressions qui ne l’étaient pas moins, comme autant de sources d’inspiration.



Le minimalisme, immédiatement perceptible de l’entreprise, et la volonté revendiquée de Milne de rendre compatible ses menées d’orchestrateur pop et ses options de chanteur hanté, amorce in petto la pompe nostalgique de certaines sombres harmonies échappées de l’art mineur gainsbourien, du clavier crépusculaire de Randy Newman, et des flageolements telluriques d’un Scott Walker. Ici, Syd Barrett prend le thé – préparé par Carole King - en compagnie de Burt Bacharach, et reste saisi du tintement de la cuillère dans la tasse. Car rien, pas une once d’humour ou une légèreté allusive, n’éclaire le panorama de The Sparrow : c’est bien ce qui fait la beauté, et le déchirement, de l’entreprise, et même la constante suavité des chansons se pare d’un clair-obscur impressionniste, d’un lyrisme las, qui voilent la moindre mélodie.

Ce disque d’épuisement et de vacillements permanents se situe bien sûr délibérément hors-jeu dans la course à la reconnaissance populaire, mais l’échec commercial prévisible crée en contrepartie tout un espace, un imaginaire, qui mérite que l’on s’y perde avec délicatesse. Dans un opus dominé par le piano, et soutenu par la basse de Connan Mockasin et la batterie d’Elroy Finn, sur lesquelles viennent perler des cordes qui jadis s’enroulèrent autour de Melody Nelson, et un cor anglais velouté, le romantisme le dispute à ce formidable ennui qui accable désormais les classes moyennes prisonnières de leurs banlieues ripolinées, là où même le jazz (« Dessau Rag ») ne scintille plus sous la poussière.

Un album brillant, foutraque, singulier, profondément original et mélancolique. On dira : un beau disque.

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