Sibelius: Symphony Nos. 1 & 2

Chronique

Un chef anglais, au XXe siècle, demeure particulièrement attaché à la musique de Jean Sibelius (1865-1957) : Sir John Barbirolli, qui, entre la fin des années 1930 jusqu’à sa mort en 1970, défendit souvent les symphonies et poèmes symphoniques du compositeur finlandais. Il terminait sa célèbre intégrale des symphonies pour His Master’s Voice, par la Sixième Symphonie, à la fin mai 1970. D’une certaine manière, sa grande œuvre phonographique achevée, il put s’éteindre en paix, très malade et affaibli. Avec la réédition des enregistrements réalisés à New York avant 1943, c’est à la jeunesse du chef que l’on revient, il était tout juste âgé de 40 ans. À cette époque, ses interprétations des œuvres de Sibelius se distinguent par une grande pugnacité et une vivacité des tempos, qui sont en réalité en concordance avec les tempos très rapides choisis par les premiers interprètes de Sibelius, Kajanus, Stokowski, Ormandy et, dans une moindre mesure, Beecham ou Tauno Hannikainen.

La gestion de l’agogique reste constamment souple. Avec le temps, Sir John Barbirolli renforcera encore – un peu à la manière de Leonard Bernstein quelques décennies plus tard – la tension dans les harmonies, et mettra en valeur d’une manière encore bien plus aiguisée les oppositions de textures. On a coutume de penser que le Finale de la Première Symphonie est faible, moins abouti que les précédents. Pas avec Barbirolli, qui en fait le mouvement le plus novateur. Pas dans la structure sans doute. Dans la manière même d’organiser les résonances harmoniques et d’imaginer alors un tout autre monde sonore, vraiment différent des contemporains de Sibelius. Cette interprétation (la première des trois versions gravées par Barbirolli) est fascinante, et fait entrevoir le chemin immédiatement parcouru par le compositeur avec la naissance de sa Deuxième, l’une des favorites du chef anglais, et qui existe aussi dans les archives de Barbirolli à New York. Cette proposition new-yorkaise est la première, et la plus « romantique » peut-être, des quatre laissées par Barbirolli (1940, 1954 avec Hallé pour HMV, 1962 avec le Royal Philharmonic pour le label du Reader’s Digest, et 1967 avec Hallé de nouveau pour HMV). Beaucoup d’énergie, un grand souffle habitent cette 2e ; on ne peut guère y résister. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz