Raditude (International Version)

Chronique

Après les trois couleurs (Blue Album, Green Album, Red Album) et ses trois autres disques affublés d’un terme laconique (Pinkerton, Maladroit, Make Believe), Weezer sort son septième album en quinze ans. Irrégulier dans sa production jusqu’au milieu des années 2000, Weezer accélère le tempo en sortant ce Raditude un an seulement après le très bon Red Album. Cette fois, le groupe a laissé le mythique Rick Rubin arpenter d’autres studios d’enregistrement pour enrôler à la production Jacknife Lee (Bloc Party, R.E.M., U2), Jermaine Dupri ou encore Polow Da Don…  

Première question à l’écoute de Raditude : Rivers Cuomo est-il atteint du syndrome de Peter Pan (version adolescence et non pas enfance) ? « The Girl Got Hot » fait ressortir le côté adolescent attardé de Weezer, sympathique en 1998, pénible en 2009. Que dire également de « Love is The Answer » et ses envolées mystico-lyriques orientalisantes très mal senties, et du stupide « I Can’t Stop Partying », que même le pire des teen rock band n’aurait pas osé écrire. Certes, il y a toujours cette seconde lecture (étrangement ironique, faussement naïve) chez Weezer, qui sauve le groupe lorsqu’il est mal engagé, mais ces quelques titres s’avèrent tout de même plus que dispensables.  

Ceci étant, Weezer reste l’un des plus grands groupes américains de sa catégorie des quinze dernières années. Pourquoi ? La réponse est dans « (If You're Wondering if I Want You to) I Want You to » et son élan pop puissant, sa faculté à arrondir les angles des mélodies tendues pour les transformer en ballade acidulée. C’est en effet bel et bien dans ses accointances pop (et non pseudo-metal, comme Weezer essaie parfois de le faire croire) que le groupe de Rivers Cuomo tire son épingle du jeu, comme sur « Put Me Back Together », titre désarmant de sincérité, et sur « I’m Your Daddy », qui rappelle les plus grandes heures de Weezer. Raditude est définitivement sauvé par « Let It All Hang Out » et son enchainement couplet refrain évident, qui resitue Weezer dans le cercle de l’excellence mélodique et de la dynamique post-grunge teintée de power pop fulgurante duquel il ne devrait jamais sortir.

Au bout du compte, Weezer n’est pas exempt de fausses notes, mais sait toujours puiser en lui-même pour raviver la flamme. Raditude en est l’énième preuve.  

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