Peace Trail

Chronique

Infatigable Neil Young. En 2014, il s’enfermait dans le studio de Jack White où il enregistrait « à l’ancienne » le magnifique album A Letter Home. Peu de temps après, le double recueil suivant, Storytone (2014), précédait The Monsanto Years (2015), puissant manifeste contre l’entreprise américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles. Le monde s’étonnait déjà de l’énergie et la verve intarissables du « Loner », toujours décidé à faire entendre sa voix et ses guitares, acoustiques ou saturées, au choix, lorsque la cause l’impose. 

Il prolongeait même le coup de griffe sur la pépite en public Earth et, tandis que certains en auraient profité pour goûter quelques moments d’une retraite bien méritée avec la satisfaction du devoir accompli, le songwriter canadien était déjà à la recherche d’un nouveau combat à mener. Plus révolté que jamais, Neil Young trouve cette fois-ci le terreau de sa colère dans la protection de l’environnement et le respect des droits des Amérindiens menacés par le projet d’oléoduc en Dakota du Nord.

À désormais 71 ans, il n’a pas son pareil pour raconter des histoires, comme sur « John Oaks » ou exprimer son courroux musicalement, comme dans l’impeccable « Indian Givers », avec cet harmonica final qui semble lui brûler les lèvres ou sur « Show Me », dont la grille d’accords impeccable renoue avec la simplicité et l’efficacité mélodique de ses plus grandes chansons. 

Sa voix y est toujours d’une expressivité sans pareille, et si « Texas Rangers » est peut-être l’un des morceaux les plus faibles de Peace Trail, celui-ci compte de possibles nouveaux standards, comme la magnifique chanson-titre ou encore Terrorist Suicide Hang Gliders, s’attardant avec à-propos sur les soupçons pesant en permanence sur les immigrés dans la société américaine.

Se moquant des nouvelles technologies avec un auto-tune complètement décalé dans « My Pledge » ou dans « My New Robot », où son traditionnel harmonica s’évapore peu à peu pour laisser place à des voix robotiques représentant la folie consumériste de l'époque, Neil Young reste le meilleur observateur de celle-ci. Inlassablement, il continue de planter avec foi et éthique de petites graines dans l’espoir d’un monde meilleur. Reste aux gens à les laisser pousser et surtout savoir en recueillir les fruits.

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