Love Muzik

Chronique

Toujours aussi nonchalant, Camille Bazbaz. L'air débonnaire, sur pochette comme en chansons, il promène sa dégaine improbable, son air désabusé et sa voix rocailleuse au rythme de sonorités rétro et de textes chafouins.

Si l'on n'y prend garde, les onze titres de Love Muzik s'écouleraient d'une traite, suivant les méandres du vieil orgue électrique dont les motifs et les chorus épousent chacun d'eux. Pourtant, il y a tout intérêt à repasser le disque et s'arrêter à chaque station. Ainsi se délecterait-on des rimes claquantes de « Bas filés » et de son pont délicieusement vintage, des paroles gourmandes et sexy de « Love Burger », rehaussées d'un magnifique solo tout droit sorti du Vox Organ de Ray Manzarek. Faudrait-il y voir comme un hommage au pilier harmonique de The Doors ?

Artisan d'une chanson patinée, travaillée à l'ancienne et sourcée aux différents idiomes soul, folk, rock, rocksteady ou reggae, Camille Bazbaz est autant un musicien aguerri et emballant qu'un auteur attachant, à l'univers décalé mais proche du quotidien. Après le blues cabossé de « Poubelles » chauffé à l'harmonica (« Y'a plus rien dans mon frigo / Des restes de mon ego / Un vieux fond de ragot »), la soul déglinguée de « Si j'avais su » se laisse chahuter par un piano bastringue et une guitare fiévreuse.

Puis l'album glisse doucement de l'amour fou et son cortège d'inquiétudes et de souffrances vers la fragilité et le doute, signalant le désamour et, inévitablement, la fin de l'histoire. En cela, Love Muzik n'usurpe pas son intitulé d'un album où l'amour et la musique font jeu égal.

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