Love Is Magic

Chronique

Les pochettes d’album en disent souvent long. Sur celle de Love Is Magic, John Grant est debout sous un micro d’enregistrement, vêtu d’un slip et d’un pull en plumes, le visage peinturluré en blanc, les yeux faits et la tête dans une cage d’oiseau. Un visuel choc un peu à l’image de la carrière inclassable d’un auteur lui aussi inclassable. L’ancien chanteur des Czars a toujours aimé les grands écarts, capable d’enregistrer un disque d’americana cérébrale et introspective avec les gens de Midlake ou de signer un essai électro-pop avec Biggi Veira du groupe GusGus. Et puis pour alimenter sa vision à 360°, le natif du Michigan installé à Reykjavik n’a pas eu besoin d’aller chercher bien loin. Alcoolisme, addiction, coming out et séropositivité, il a tout sous la main ! Il le dit lui-même : « Chaque disque que j’enregistre est davantage une fusion de qui je suis. Plus je fais cela, plus je me fais confiance et plus je me rapproche de ce que je pense dans ma tête. » Pour son quatrième album, John Grant s’enfonce un peu plus dans les terres électroniques. Avec Benge (Ben Edwards), collectionneur invétéré de synthés analogiques et membre du trio Wrangler, et Paul Alexander de Midlake, il a réalisé ce qu’il estime être l’album dont il avait toujours rêvé mais qu’il n’avait jamais réussi à concevoir. Dans les oreilles, les paysages alternent entre Kraftwerk, David Bowie et LCD Soundsystem et Grant n’a plus qu’à laisser défiler ses autoanalyses et autres critiques sociétales souvent décalées. Moins mélancolique qu’à ses habitudes, le quinquagénaire n’avait jamais sonné aussi… heureux ? © Marc Zisman/Qobuz