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« Pianiste – Futuriste ». Voilà comment le virtuose américain George Antheil (1900-1959) s’est un jour présenté. « Bad boy » ou « enfant terrible » lui irait tout aussi bien. Pas seulement parce qu’il adorait les voitures, les avions et tout ce qui était rapide et bruyant, ou parce que ses récitals étaient tout aussi osés, associant le répertoire classique – les premières moitiés de ses concerts comportaient souvent la musique de son héros, Beethoven – avec ses propres créations explosives, mais aussi parce qu’un jour à Budapest où ses œuvres avaient provoqué une émeute, il est revenu sur scène avec un revolver Colt automatique calibre 32 de gangster – après quoi la seconde moitié de la soirée s’est déroulée dans un silence respectueux. Membre bien accepté de l’avant-garde, son séjour européen l’a également vu tirer le meilleur parti du Paris des années folles – au gré de ses escapades, il visita la manufacture Pleyel en compagnie de Stravinski qui lui fit entendre Les Noces jouées par un piano mécanique. Puis, en 1933, il retourna aux États-Unis où il rencontra deux des plus grands pionniers de l’expérimentation musicale, John Cage et Morton Feldman.
Autrement dit, le monde de George Antheil est aussi bigarré que le programme que Patricia Kopatchinskaja nous propose autour de lui : son importante Sonate pour violon n° 1 (1923) en quatre mouvements est voisine de la Septième de Beethoven, le Nocturne pour violon et piano de John Cage (1947), et la Pièce pour violon et piano (1950) et autres Extensions 1 (1951) de Morton Feldman. Si l’on pense que Kopatchinskaja est elle-même l’une des violonistes les plus colorées d’aujourd’hui, inutile d’être grand clerc pour deviner où va cette critique.
Comme un furtif clin d’œil, la Piece de Feldman placée en ouverture de récital donne le ton : Kopatchinskaja et le pianiste Joonas Ahonen nous plongent instantanément dans un monde magique, différent du nôtre. Ils apportent évidemment un large éventail de couleurs et de nuances à ses lignes fragmentaires flottant doucement et évoluant lentement, grâce à un piano brillant comme une cloche ici, à un murmure de violon là. La manière dont ils se rattrapent l’un l’autre et se renvoient la balle est également essentielle – même lorsqu’un silence pondéré sépare leurs interventions respectives, leurs pensées semblent toujours suspendues, se mêlant dans les airs. De quoi donner une impression d’improvisation, même dans les moments de grande précision rythmique.
Tout cela s’avère de bon augure pour la Sonate d’Antheil, composée pour la violoniste Olga Rudge, grand amour de George Crumb. Les mouvements extrêmes frappent ici par leur côté percussif et répétitif comme une mitrailleuse – Kopatchinskaja les mâtine d’un grand lyrisme, dans un parfait mélange de délicatesse et de punch explosif – et encadrent deux volets internes plus calmes, avec des éléments à caractère arabe et autres étrangetés venues d’Afrique, région qu’Antheil avait découverte lors d’un récent voyage à Tunis.
Quant au Beethoven, n’espérez pas vous y sentir en sécurité. Au lieu de cela – et là aussi avec une grande diversité de couleurs et d’expressions – l’interprétation rappelle les raisons pour lesquelles Antheil ressentait un tel lien avec son illustre prédécesseur, rapprochant de manière fascinante le monde sonore du grand Ludwig de ceux des expérimentateurs du début du XXe siècle. Voici un Beethoven aux sonorités dangereuses, où Kopatchinskaja et Ahonen font ressortir toute la volatilité de la musique, tandis que l’archet de la Moldave pique, chuchote ou s’exalte. Qu’on ne dise pas que cette lecture passe un peu vite sur la partition. C’est d’ailleurs tout le contraire. Chaque sforzando surprise, chaque staccato y figure. « PatKop » nous donne en fait une masterclass sur la façon dont un artiste peut suivre le texte à la lettre tout en le faisant sonner de manière personnelle.
Bref, un album à ne pas manquer. © Charlotte Gardner/Qobuz
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Chronique
« Pianiste – Futuriste ». Voilà comment le virtuose américain George Antheil (1900-1959) s’est un jour présenté. « Bad boy » ou « enfant terrible » lui irait tout aussi bien. Pas seulement parce qu’il adorait les voitures, les avions et tout ce qui était rapide et bruyant, ou parce que ses récitals étaient tout aussi osés, associant le répertoire classique – les premières moitiés de ses concerts comportaient souvent la musique de son héros, Beethoven – avec ses propres créations explosives, mais aussi parce qu’un jour à Budapest où ses œuvres avaient provoqué une émeute, il est revenu sur scène avec un revolver Colt automatique calibre 32 de gangster – après quoi la seconde moitié de la soirée s’est déroulée dans un silence respectueux. Membre bien accepté de l’avant-garde, son séjour européen l’a également vu tirer le meilleur parti du Paris des années folles – au gré de ses escapades, il visita la manufacture Pleyel en compagnie de Stravinski qui lui fit entendre Les Noces jouées par un piano mécanique. Puis, en 1933, il retourna aux États-Unis où il rencontra deux des plus grands pionniers de l’expérimentation musicale, John Cage et Morton Feldman.
Autrement dit, le monde de George Antheil est aussi bigarré que le programme que Patricia Kopatchinskaja nous propose autour de lui : son importante Sonate pour violon n° 1 (1923) en quatre mouvements est voisine de la Septième de Beethoven, le Nocturne pour violon et piano de John Cage (1947), et la Pièce pour violon et piano (1950) et autres Extensions 1 (1951) de Morton Feldman. Si l’on pense que Kopatchinskaja est elle-même l’une des violonistes les plus colorées d’aujourd’hui, inutile d’être grand clerc pour deviner où va cette critique.
Comme un furtif clin d’œil, la Piece de Feldman placée en ouverture de récital donne le ton : Kopatchinskaja et le pianiste Joonas Ahonen nous plongent instantanément dans un monde magique, différent du nôtre. Ils apportent évidemment un large éventail de couleurs et de nuances à ses lignes fragmentaires flottant doucement et évoluant lentement, grâce à un piano brillant comme une cloche ici, à un murmure de violon là. La manière dont ils se rattrapent l’un l’autre et se renvoient la balle est également essentielle – même lorsqu’un silence pondéré sépare leurs interventions respectives, leurs pensées semblent toujours suspendues, se mêlant dans les airs. De quoi donner une impression d’improvisation, même dans les moments de grande précision rythmique.
Tout cela s’avère de bon augure pour la Sonate d’Antheil, composée pour la violoniste Olga Rudge, grand amour de George Crumb. Les mouvements extrêmes frappent ici par leur côté percussif et répétitif comme une mitrailleuse – Kopatchinskaja les mâtine d’un grand lyrisme, dans un parfait mélange de délicatesse et de punch explosif – et encadrent deux volets internes plus calmes, avec des éléments à caractère arabe et autres étrangetés venues d’Afrique, région qu’Antheil avait découverte lors d’un récent voyage à Tunis.
Quant au Beethoven, n’espérez pas vous y sentir en sécurité. Au lieu de cela – et là aussi avec une grande diversité de couleurs et d’expressions – l’interprétation rappelle les raisons pour lesquelles Antheil ressentait un tel lien avec son illustre prédécesseur, rapprochant de manière fascinante le monde sonore du grand Ludwig de ceux des expérimentateurs du début du XXe siècle. Voici un Beethoven aux sonorités dangereuses, où Kopatchinskaja et Ahonen font ressortir toute la volatilité de la musique, tandis que l’archet de la Moldave pique, chuchote ou s’exalte. Qu’on ne dise pas que cette lecture passe un peu vite sur la partition. C’est d’ailleurs tout le contraire. Chaque sforzando surprise, chaque staccato y figure. « PatKop » nous donne en fait une masterclass sur la façon dont un artiste peut suivre le texte à la lettre tout en le faisant sonner de manière personnelle.
Bref, un album à ne pas manquer. © Charlotte Gardner/Qobuz
À propos
- 1 disque(s) - 11 piste(s)
- Durée totale : 01:02:06
- 1 Livret Numérique
- Artistes principaux : Patricia Kopatchinskaja Joonas Ahonen
- Compositeur : Various Composers
- Label : Alpha Classics
- Genre : Classique
2022 Alpha Classics / Outhere Music France 2022 Alpha Classics / Outhere Music France
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