L. Glass: Symphony No. 5 in C Major, Op. 57 "Svastika" - Fantasy for Piano & Orchestra in D Minor, Op. 47

Chronique

Evidemment, deux mots apparaissant sur cet album peuvent dérouter l’auditeur : Glass et Svastika. Que l’aimable lecteur soit donc informé : il s’agit ici de la musique non pas de Philip Glass, mais de celle de Louis Christian August Glass (1864-1936), compositeur danois, contemporain de Carl Nielsen et lui aussi disciple de Niels Gade. Plus proche de Franck et Bruckner que du langage nordique, il se tourna dès le début du siècle vers la théosophie moderne – dont l’un des symboles tout bonnement la Svastika, dont les Nazis à leur tour se sont saisis pour représenter l’arianisme imaginaire né de leur délire de pureté ethnique… C’est ainsi qu’a été souillé à jamais un si beau symbole, déjà développé dès l’âge de bronze, repris par maintes religions et philosophies depuis des millénaires. C’est naturellement cette Svastika, celle du Bouddhisme entre autres, que souhaitait évoquer Louis Glass dans sa Cinquième symphonie « Svastika » de 1919-1920. Voici donc une bien belle redécouverte d’un compositeur et d’un ouvrage tombés dans un oubli que rien ne justifie, si ce n’est la puissance contemporaine de Carl Nielsen qui écrasa un peu toute la vie musicale danoise – mais les deux personnages n’ont de commun que la période à laquelle ils vécurent, et en rien leur musique. Le langage de Glass emprunte du bout des doigts au romantisme tardif, mais en s’éloignant dans des mondes sonores très originaux, et une orchestration des plus irisées. En complément de programme, on entendra la Fantaisie pour piano et orchestre écrite avant la Première guerre, encore assez empreinte de Brahms et de Bruckner, mais avec de nombreuses teintes modales fort intrigantes. © SM/Qobuz