Cancer 4 Cure

Chronique

Avec l’arrivée du troisième album solo de El-P, Cancer 4 Cure, on se souvient que, mine de rien, ça fait déjà presque vingt ans que El-P est une figure dans le circuit du hip-hop new-yorkais. Et pas n’importe quelle figure : il a eu toutes les casquettes, de rappeur à producteur, jusqu’à devenir le boss de son propre label, Def Juxx, monté en 1999 et qu’il a quitté après quelques années.

Avec Company Flow d’abord puis en solo, El-P a habitué son public aux sonorités métalliques, sombres, distordues et résolument urbaines, qui caractérisent son travail. Il y a une puissance incroyable dans ses compositions, oppressante, toute en tension difficilement contenue et qui était déjà la marque de fabrique de Fantastic Damage et I’ll Sleep When You’re Dead, ses deux précédents albums.

Cette fois, El-P aura mis pas moins de cinq années (Cancer 4 Cure est annoncé depuis 2009) avant de nous servir un nouveau disque. Ici encore, sa vision à la fois personnelle et populaire d’un hip hop indépendant prend l’auditeur en otage dès « Request Denied », premier morceau de Cancer 4 Cure, pour ne le laisser, pantelant et épuisé, qu’avec la fin du douzième titre, « $ Vic/FTL (Me And You) ».

Et si l’on se dit quelquefois que, malgré sa verve et ce son chirurgical, Cancer 4 Cure n’apporte pas grand-chose à l’édifice qu’El-P a commencé à construire en solo, il y a déjà dix ans, ce n’est sans doute que la preuve que le rappeur a en quelque sorte atteint le sommet de son art.

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