Brother Stoon

Chronique

Le territoire jazz semble un grand jeu d'enfant pour Baptiste Herbin, prodige du saxophone à la formation classique et aux idées larges, s'ébrouant avec bonheur dans les méandres de classiques qu'il connaît sur le bout des doigts, qu'il a particulièrement agiles. Aucun besoin de démonstration, seul le plaisir guide celui qui a forgé son identité à Marciac bis ou sur l'estrade du Duc des Lombards.

Le voici aujourd'hui dans un premier album réjouissant à deux titres. Bien qu'hommage à la tradition bop, Brother Stoon ne s'enferme pas dans une célébration au formol ou formelle et laisse une grande place à l'expression personnelle ou collective. Le quarteron d'as réuni pour l'occasion, comprenant les permanents Sylvain Romano (contrebasse), Pierre de Bethmann (piano, orgue Fender Rhodes et voix), André Ceccarelli (batterie et percussions) et en signe de reconnaissance et d'amitié le guitariste Dimitri Dourantonis, entoure de toute son expérience les compositions du jeune alto fougueux et dessine un espace propice à son imagination, comme sur l'exubérant « Faits d'hiver », prétexte à une envolée magistrale et à de multiples contorsions. En outre, le quartette dispense une vraie leçon de complémentarité dans un « Entomology » où chaque relais oeuvre pour le bien collectif.

L'autre motif de réjouissance souligné plus haut est la naissance d'un compositeur, signifiant que tout virtuoise qu'il est, Baptiste Herbin, du haut de ses vingt-cinq ans, ne compte pas paraphraser ou ni refaire ce qui a déjà été fait mais ouvrir de nouvelles portes à un univers qui n'a pas fini d'étonner ni d'enchanter à la façon de la volubile « Chute libre », du swingant « Blues for Jean » ou du . Quand il s'autorise à reprendre « Une île » de Jacques Brel, c'est pour apporter au thème une magnifique couleur instrumentale. Toutes ces qualités font de Brother Stoon un premier album rempli de promesses.

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