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Herbert Blomstedt

Devenir une star planétaire à 90 ans n’est certes pas banal, enregistrer les neuf symphonies de Beethoven à cet âge l’est encore moins, surtout quand ces enregistrements renouvellent notre approche de ce corpus dont on pensait tout connaître. C’est ainsi que les paysages les plus familiers peuvent prendre une tournure tout à fait nouvelle selon leur éclairage ou l’angle adopté pour les regarder. Le Suédois Herbert Blomstedt, fils d’un pasteur droit et sévère, même cas de figure que pour Ingmar Bergman, garde une fraîcheur et une forme physique confondantes au moment d’entamer sa dixième décennie, tout au plus a-t-il réduit le nombre de ses concerts qui est passé de 100 à 70 par année, en dirigeant les meilleurs orchestre du monde.



Pour ses 90 ans il a décidé de nous offrir un somptueux cadeau avec cette nouvelle intégrale Beethoven enregistrée, entre 2014 et 2017, en concert pour privilégier la tension et diminuer les frais de publication. Il faut dire qu’il a redonné au vénérable Gewandhaus de Leipzig une qualité qu’il avait perdue avec les années. Pour cela il a fallu travailler, beaucoup, reprendre le répertoire à partir de Haydn et Mozart pour parfaire les articulations « historiquement renseignées », la précision, la cohésion et la clarté. Et le résultat est extraordinaire, Beethoven a rarement sonné aussi jeune et joyeux que sous la direction de ce très juvénile vieillard. Au pupitre, il se tient droit comme un i, dirige par cœur, sans baguette, avec une incroyable énergie malgré son charisme tranquille et avenant et ses mimiques expressives. Cela fait 60 ans que Herbert Blomstedt polit « son » Beethoven. Avec des phrasés rhétoriques, un grand dynamisme de la pulsation, une flexibilité au service de la clarté mélodique et des tempi qui filent comme le vent, les 9 sœurs beethovéniennes, gorgées d’énergie, viennent conquérir le XXIe siècle. Le chef suédois balaye d’un revers de main, mais sans aucune arrogance, les conceptions d’un Furtwängler dont la division par deux des tempi prévus par Beethoven l’exaspère : « Il était fascinant, certes, mais il s’était engagé dans une impasse. » Dont acte.



Pour cet analyste sensible et fervent, le concert s’apparente à un service sacré et le chef-d’orchestre à un coordonateur qui écoute ses musiciens et cherche à trouver une solution avec eux et non comme un demi-dieu ou un démiurge du passé imposant ses vues à la collectivité. La musique mystique et absolue d’Anton Bruckner ne pouvait qu’avoir une place de choix dans son répertoire. Il porte aussi une grande attention aux compositeurs nordiques comme Sibelius, Nielsen ou son compatriote Berwald.



Longtemps considéré comme un honnête artisan, Herbert Blomstedt nous apparaît aujourd’hui comme un chef de première grandeur qui n’avait jamais été sous le feu des médias à une époque où la concurrence était très forte. Après avoir appris le sens de l’analyse avec Markevitch et l’énergie solaire avec Bernstein, il a lentement continué son travail acharné, fidèle à lui-même, avec la seule ambition de servir la musique qui le lui rend bien aujourd’hui, puisqu’il est le plus vieux chef encore en activité. Son abondante discographie est d’ailleurs là pour témoigner de la force de ses convictions et de la qualité du travail accompli.


FH / QOBUZ / janvier 2018

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