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René Leibowitz

Si René Leibowitz est connu pour ses propos cinglants sur Sibelius (« l'éternel vieillard », « le plus mauvais compositeur du monde »), il l'est moins en tant que musicien qui joua pourtant un rôle essentiel à un moment décisif de l'histoire musicale du XXe siècle. Compositeur, musicologue, critique musical et pédagogue naturalisé français, René Leibowitz est issu d'une famille de juifs polonais de Varsovie où il naît le 17 février 1913. C'est à l'âge de cinq ans qu'il entame des études de violon. Entre 9 et 13 ans, il donne déjà des concerts à Varsovie, Prague, Vienne et Berlin. Souhaitant que son fils mène une vie normale plutôt que celle d'un enfant prodige, son père tente de mettre fin à cette carrière de violoniste qu'il juge prématurée mais en vain, car l'intérêt du jeune garçon pour la musique ne faiblit pas un seul instant.



En 1926, René Leibowitz a treize ans quand il quitte sa Pologne natale pour Paris où s'installe sa famille. En 1933, le pianiste et compositeur allemand Erich Itor Kahn (1905-1956), émigré à Paris pour fuir les Nazis, l'initie à la technique dodécaphonique de Schoenberg. Le jeune homme, fasciné par la modernité du compositeur autrichien comme il l'est aussi de son élève Webern, suivra à Berlin et à Vienne leurs cours respectifs qui le marqueront définitivement au point d'adhérer sans réserve aux théories de la Seconde Ecole de Vienne et d'adopter pour lui-même leur langage sériel dont il sera un défenseur passionné. Il contribuera de façon très active à la diffusion de ces musiques, d'abord en France puis à l'étranger. Par ailleurs, il étudie la composition et l'orchestration avec Ravel et la direction d'orchestre avec Pierre Monteux.



C'est en 1937, en Europe et en Amérique, à la tête de l'Orchestre de chambre de la Radio française, que René Leibowitz commence sa carrière de chef d'orchestre, avec principalement la musique contemporaine, surtout celle de Berg, Schönberg et Webern. Il exercera son activité de chef jusqu'à sa mort (excepté pendant la guerre), chaque fois qu'il en trouve le temps. Pendant l'occupation allemande, il est un membre actif de la Résistance française contre les Nazis. Alors qu'il déclare à la sortie de la guerre avoir perdu la main en matière de direction d'orchestre, en réalité il n'en est rien ; bien au contraire, il continue de figurer parmi les chefs mondialement les plus demandés. Son répertoire s'étend de la période baroque à la musique du XXe siècle. Quelle que soit l'oeuvre abordée, il considère la fidélité à la partition comme le principal critère de qualité d'une interprétation.



En fait, c'est à l'enseignement, qui lui vaudra sa grande notoriété, qu'il se consacrera surtout, ainsi qu'à la critique et à la composition. Entre 1945 et 1947, lors de cours privés, il fait découvrir l'école viennoise de Schönberg, Webern, puis Berg (qu'il a également fréquenté) à de nombreux jeunes compositeurs. Parmi ses élèves, on compte Pierre Boulez et Serge Nigg (brièvement), Jacques-Louis Monod, Will Ogdon, Janet Maguire, David Montgomery, André Casanova, Hans Werner Henze, Antoine Duhamel, Vinko Globokar, Michel Puig, Pierre Chan, Keith Humble, et John Whitney, Sr, le pionnier et l'avant-gardiste de l'art informatique américain. En 1946, il publie deux ouvrages fondamentaux, Schoenberg et son école (1946) et Introduction à la musique de douze sons (1949), une première en France sur ce sujet. Mais partisan d'un dodécaphonisme orthodoxe (où prime l'organisation sérielle des hauteurs) qu'il enseigne et applique dans ses propres compositions, il apparaît démodé aux yeux de ses élèves qui avaient le plus profité de son enseignement. Auteur très fécond, il publia de nombreux ouvrages (souvent polémiques, donc controversés) dont L'Artiste et sa conscience (1950), réfutation des thèses de Jdanov, L'Évolution de la musique de Bach à Schönberg (1952), Histoire de l'opéra (1957), Thinking for Orchestra (New York, 1958), Schönberg (1969), Le Compositeur et son double (1971) et Les Fantômes de l'opéra (posthume, 1973).



René Leibowitz a composé de la musique orchestrale, des oeuvres chambristes, de nombreuses mélodies et de nombreux opéras : en tout, 93 Opus, pour la plupart jamais joués, où figurent cinq opéras dont Les Espagnols à Venise (1963, créé à Grenoble en 1970) et deux opéras demeurés inédits, La Rumeur de l'espace et Circulaire de minuit ; puis Symphonie, op. 4 (1941), Variations (1945), Symphonie dramatique pour récitant et orchestre (1958), Concerto pour violon, piano et orchestre (1942), Concerto pour piano et Concerto pour alto (l'un et l'autre en 1958), et une importante production de musique de chambre aux mélanges de timbres inhabituels, dont on citera L'Explication des métaphores, pour récitant, deux pianos, harpe et percussion (1950), le Concerto pour neuf instruments (1947), la Symphonie de chambre (1948) pour douze instruments (éditée en 1958). Ajoutons que René Leibowitz fut aussi un remarquable orchestrateur : outre son arrangement de la Passacaille et Fugue en ut mineur de Bach pour double orchestre, il faut citer sa fameuse réorchestration de Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski (il faisait des réserves sur celle de Rimski-Korsakov).



Côté discographie (plus de cent enregistrements pour Reader's Digest Recordings), il dirigea une intégrale marquante des symphonies de Beethoven, avec le Royal Philharmonic Orchestra, qui apparaît, en son temps, comme une des premières tentatives de corriger les interprétations traditionnelles et de revenir aux manuscrits originaux en respectant les indications métronomiques.



C'est à Paris, le 28 août 1972, que s'éteint René Leibowitz.



© Qobuz 03/2013


Discographie

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