Helin Daniel

Touche-à-tout, Daniel Hélin a un profil résolument atypique. Après une scolarité en dents de scie, ce natif d’Ottignies le 22 juin 1971 opte pour une carrière d’assistant social. Vite lassé, il enchaîne les petits métiers, passe par le travail à la chaîne en usine, autant d’expériences qui le marquent socialement. Arrivé au Conservatoire royal de Liège en section art dramatique, il y travaille les métiers du cirque, la comédie et obtient son diplôme. C’est en 1999 que sa carrière musicale démarre, avec l’album Borlon, qu’il compose avec des musiciens de jazz. Les instruments de la formation accompagne la diction du chanteur Hélin, qui déclame ses textes hallucinés et joue avec les syllabes et le sens des mots. Lui qui voit la poésie comme un outil pour transformer le monde, à partir de sa ville natale qu’il perçoit comme peu animée, trouve dans la musique un moyen de mettre en forme ses récits. Et un terrain de jeu. Son album Les Bulles (2001) est rempli de contraintes grammaticales, les phrases finissant toutes par une syllabe propre à chaque morceau. Avec ses atours loufoques, les productions d’Hélin séduisent : la biennale de la chanson française en 1998, ou le festival Les Printemps de Bourges, où il gagne le prix « découverte » en 2000 à la suite de son spectacle. Ces récompenses alimentent les tournées, et font écho jusqu’aux oreilles de Miossec, Zazie, Jacques Higelin, Jane Birkin, Henri Salvador ou Hubert-Félix Thiéfaine, pour lesquels il réalise, à l’occasion, la première partie. Toutefois, le rythme intensif et productiviste de l’industrie musicale ne lui sied pas complètement. Malgré deux albums, Mécréant (2005) et Mallacoota (2009), Le Crépuscule des Idiots, sorti en 2013 n’atteint pas l’audience escomptée, et rend la poursuite de la carrière de Daniel Hélin économiquement difficile. Il change de voie, apprend notamment le métier de luthier. Jusqu’à 2020, où les musiciens Gil Mortio et Louis Evrard, comparses de longue date, lui proposent d’habiller leurs instrumentaux de texte pour l’album Pingouin. L’épure est de mise, tant dans l’habillage sonore, où s’additionnent les instruments électroniques, que dans l’écriture plus ciselée, précise, faisant de Pingouin un retour réussi pour le chanteur belge.