Study of the Invisible

Chronique

La sphère néoclassique persistera, et ne se débarrassera pas – semble-t-il – de son désir de mélancolie nébuleuse post-chopinienne. Et dès son beau spectacle avec Murcof, la pianiste Vanessa Wagner avait privilégié les sons et teintes très nostalgiques. A la différence de ses nombreux concurrents de l'univers post-Brian Eno (en mode Music for Airports), Vanessa Wagner, avant tout pianiste dédiée aux répertoires classiques et modernes, sait que l'émotion passe aussi par la nuance. Si les pièces ici présentes sont loin d'être toutes inépuisables (Glass, Etudes n° 16 et 6; ou le difficilement supportable Lullaby (Song for Octave) de Bryce Dessner), elle y apporte une variété de toucher et une assise dans le clavier tout à fait réconfortantes.

Le doublé, constitué du très poétique Earring de Julia Wolfe, compositrice essentielle et cofondatrice du célèbre et si subversif collectif new-yorkais Bang on a Can, et de l'ample et très classique Gustave Le Gray de Caroline Shaw avec ses réminiscences de la Mazurka en la mineur de Chopin (Op. 17 n° 4), nous invite à un voyage digne de certaines errances narratives du cinéma contemporain occidental. Plus loin, Running de Nico Muhly vous donnera certainement l’envie de réitérer l'aventure. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz