String Quartet No. 2, Op. 26 | String Quartet No. 3, Op. 34

Chronique

Le début du Quatuor à cordes n° 2 de Korngold gagne, sous les archets du Quatuor Alma, d’irrésistibles couleurs sépia. Elles nous envoient instantanément dans la Vienne d'antan, chez un Wunderkind dont le langage est à la fois imprégné par l'héritage musical de sa ville et porteur d'un romantisme qui lui vaudra un succès immédiat à Hollywood, où il s'enfuit l'année suivante poussé par les nazis. La haute définition – écoutez les textures aériennes et l’articulation au petit point – amplifie considérablement l’impact de cet enregistrement direct sur vinyle (comprenez : une prise unique plutôt qu'un amalgame de plusieurs prises éditées numériquement). D’où, sans doute, le frisson comparable celui du live procuré par une captation pleine de vie.

L’autre principale qualité de l’interprétation réside donc dans la pureté et la simplicité du jeu. Tout sonne comme si chaque mouvement était une pièce de caractère, chose sans doute due à la décision, certes discutable, de ne pas s’enfermer dans les indications de tempos et d’articulation de la partition, mais plutôt d’essayer de trouver le bon équilibre entre « ce qui est écrit et ce qui semble juste », afin de mieux coller à l’esthétique de Korngold. Option qui porte ses fruits dans le joyeux Intermezzo, dont le rubato et les accents exagérés amènent une dose d’humour digne de Haydn.

Daté de 1945, le Quatuor n°3 s’avère beaucoup plus sombre, marqué par les horreurs de la guerre et la propre dépression du compositeur en plus de thèmes empruntés à ses musiques de film, mis en valeur de manière très efficace. Le troisième mouvement, à jouer comme une chanson populaire, est d’autant plus émouvant que les Alma mâtinent volontiers son lyrisme élégiaque d’une vocalité chatoyante. Aussi fascinant qu’agréable © Charlotte Gardner/Qobuz