Schmitt: Antoine et Cléopâtre, Op. 69 & Le palais hanté, Op. 49

Chronique

Florent Schmitt écrivit initialement une grande musique de scène et de ballet pour la production de la pièce Antoine et Cléopâtre de Shakespeare à Paris en 1920, de laquelle il tira rapidement deux suites d’orchestre que voici. Entre ce qu’il est convenu d’appeler l’impressionnisme musical de Debussy ou Ravel, et la richissime orchestration à la Strauss, Schmitt livre un ouvrage inclassable. C’est d’ailleurs là le meilleur de ce compositeur trop négligé, voire déconsidéré – sa position quelque peu discutable vis-à-vis du nazisme tout au long de la Guerre ? – qu’il est vraiment temps de réintégrer dans le giron des grands créateurs français de la première moitié du XXe siècle. Ce tout nouvel enregistrement, complété par Le Palais hanté, un poème symphonique d’après Poe tel que traduit par Mallarmé, deux écrivains dont le langage ne peut qu’inspirer un musicien du coloris et de l’évocation, nous vient tout droit de la bonne ville de Buffalo dont l’Orchestre Philharmonique – actuellement mené par JoAnn Faletta – fut dirigé entre autres par Krips, Lukas Foss, Tilson Thomas ou Bychkov. Comme quoi l’on peut être une ville moyenne perdue au bout du bout d’un recoin états-unien et quand même jouer dans la cour des grands… © SM/Qobuz