Prokofiev: Violin Works

Chronique

Datant de 1916-1917, le Concerto pour violon n° 1 en ré majeur, Op. 19 témoigne de la fascination exercée par cet instrument sur le compositeur, depuis que son professeur Reinhold Glière l’y avait initié douze ans plus tôt. Composé en plusieurs étapes, ce concerto a d’abord pris la forme d’une longue mélodie inspirée par sa première relation amoureuse, avant que le violoniste Paul Kochański ne lui prodigue de précieux conseils pour étoffer et structurer la partie soliste. Une croisière sur la Volga et la Kama au printemps 1916 lui donnera matière à terminer l’accompagnement orchestral, la fluidité aérienne du dernier mouvement semblant refléter les paysages parcourus en bateau.
Le Concerto pour violon n° 2 en sol mineur, Op. 63, composé vingt années plus tard, permet de mesurer l’évolution du style de Prokofiev. Moins dissonant que le premier, il recouvre une palette d’émotions plus sombre, notamment par l’appui répété des cordes et des vents sur les temps forts du deuxième mouvement. De facture plus classique, le Concerto n° 2 s’achève brillamment dans un finale aux allures de valse saccadée.
La Sonate pour violon seul en ré majeur, Op. 115 a été commandée par le Comité Soviétique des Affaires Culturelles à l’attention de jeunes violonistes encore en formation. On n’est donc guère étonné de son caractère enjoué voire farceur, puisqu’elle s’adressait à un public de jeunes musiciens. Le premier mouvement aux allures de danse populaire - on pourrait presque y voir des emprunts à Bartók - laisse place à un deuxième mouvement plus lent et lyrique, suivi d’un finale renouant avec le caractère facétieux du début.

On jubilera devant la vitalité et la précision de jeu de Tianwa Yang dont la réputation n’est plus à faire. Celle qui jouait déjà aux côtés d’Isaac Stern à l’âge de douze ans semble avoir conservé son âme d’enfant, et excelle dans l’art d’illustrer les différentes palettes de couleurs et d’émotions convoquées par Prokofiev, de l’espièglerie au fatalisme mélancolique de l’âme russe. © Pierre Lamy/Qobuz