No Reino Dos Afetos 2

Chronique

Dès le premier morceau, Te amar eterno, on croit entendre le Marvin Gaye du début des années 70 en villégiature au Brésil. Une vague d’amour toute chaude et douce transformée en musique, un groove qui ondule, une voix qui a chanté dieu puis les déesses… Bienvenue dans No Reino dos afetos 2, le deuxième album du Brésilien Bruno Berle. A l’époque du premier en 2022, le chanteur expliquait vouloir trouver la beauté. Il l’avait trouvée, et l’a gardée. No Reino dos afetos 2 est un sommet de musique cool et maligne, facile à écouter mais pas à résumer. Sur des bases mélodiques et rythmiques qui font honneur à la tradition de la MPB (musique populaire brésilienne), sa musique s’avère aussi éclectique. Sa reprise de l’outsider américain Arthur Russell le place du côté des affranchis et des inventeurs. Bruno Berle et son compère Batata Boy créent une musique plus légère que le poids de l’histoire. Elle se distingue par des micro-arrangements kaléidoscopiques qui bruissent, scintillent et se laissent deviner plus qu’ils ne s’imposent. Tour est doux, élégant, brumeux et cristallin dans ce disque, même les moments psychédéliques et groovy. Différence notable entre cet album et le précédent : on n’y entend presque plus de guitare, remplacée par des sons de claviers et des rythmes entrelacés. Ce disque sonne comme s’il avait enregistré sur une plage où carrément dans l’eau, avec un horizon dégagé et loin de la pesanteur terrestre. Les morceaux sont courts, comme s’ils préféraient partir avant de s’ennuyer, ou nous laisser sur la première impression de coup de cœur. Mais Bruno Berle est assez malin pour mettre son tube secret Tirolirole en fin d’album, et c’est celui-là qu’on fredonnera tout l’été. Qobuzissime ! © Stéphane Deschamps/Qobuz