Mozart: String Quintets, K. 593 & K. 614

Chronique

S’il est bien des œuvres rares de Mozart – rarement jouées, mais aussi d’une conception rare – ce sont les Quintettes à cordes, six chefs-d’œuvre absolus dans lesquels le compositeur a confié le plus profond de son âme, sachant sans doute qu’ils s’adressaient à un public très limité de grands connaisseurs, et encore. Car quel ensemble d’amateurs même éclairés peut disposer de deux altistes du niveau exigé par les partitions… C’est donc là un extraordinaire laboratoire de nouveautés, de hardiesses harmoniques et instrumentales pour Mozart qui ne craint pas de heurter son public. Peu de compositeurs s’étaient hasardés dans ce format deux violons – deux altos – violoncelle : Michael Haydn un tout petit peu, tandis que Boccherini avait certes écrit nombre de quintettes à cordes, mais avec deux violoncelles, un tout autre format d’écriture. C’est ici le Quatuor Chilingirian, complété de l’altiste Yuko Inoue, qui officie avec deux quintettes de l’ultime Mozart : le K. 593 de 1790 (avec les deux versions de son finale : l’originale, et en annexe celle, dont certains thèmes ont été « remaniés » par le Diable sait qui, et qui fut longtemps la seule disponible sur le marché des partitions), et le dernier quintette, K. 614, achevé en avril 1791, quelques mois avant la disparition du compositeur. Aucun psychanalyste n’oserait affirmer, à l’écoute de ces deux ultimes monuments, que Mozart avait la moindre idée que sa fin pouvait être si proche. Les interprètes proposent également un très intéressant fragment d’un Quintette en la mineur de cette même époque, inachevé, qui ne dure pas même trois minutes, mais qui offre un regard sur ce que le compositeur pouvait avoir en tête à cette époque… © SM/Qobuz