Monteverdi: Lamento d'Arianna

Chronique

Depuis l'époque homérique jusqu'au temps de la fusée du même nom, Ariane se lamente encore et toujours de l'abandon que lui a infligé le vilain Thésée. Considérez qu'après que la princesse bouclée eut aidé le mythique fondateur d'Athènes à s'échapper des sabots du Minotaure du labyrinthe crétois, l'échappé n'a rien trouvé de mieux à faire que de la larguer sur un rocher de l'île de Naxos avant de s'enfuir pour Athènes où l'attend la gloire. Avant que le beau, séduisant et sexy Dionysos (Bacchus chez les Romains) ne la découvre endormie sur le rocher, elle a le temps de se lamenter tout son saoul. Et quel sujet rêvé pour des compositeurs ! Monteverdi est l'un des premiers compositeurs à se saisir du mythe d'Ariane pour en faire un opéra : L'Arianne, écrit en 1608. Hélas, comme une dizaine d'autres œuvres dramatiques du compositeur, l'opéra est perdu – en l'occurrence lors de l'incendie du palais ducal de Mantoue en 1630. Misère... heureusement pour la postérité, Monteverdi avait eu l'idée d'extraire une partie de l'opéra, le Lamento, pour la recycler deux fois, d’abord dans le VIe Livre de madrigaux, puis dans une version pour voix seule et basse continue, sous le nom de Lamento d'Arianne. Voici ce Lamento tel que publié en 1614, dans la très belle version de René Jacobs et son ensemble Concerto Vocale enregistrée en 1984 – Jacobs ici aussi en contre-ténor, aux côtés de la mezzo Helga Müller-Molinari, en particulier dans le duo final du Couronnement de Poppée de Monteverdi, dont on sait qu’il est en réalité de Benedetto Ferrari. Ferrari dont on pourra également découvrir Quelle pungenti spine. © SM/Qobuz