Légendes

Chronique

Selon le Larousse, une légende est un récit à caractère merveilleux ou une représentation embellie de la vie. Autrement dit, c’est une certaine utopie qui sous-tend la légende, laquelle trouve son origine dans la puissance imaginaire hors-norme de celui qui la raconte. Le compositeur David Chaillou, à qui l’on doit l’opéra Little Nemo en 2017, connait visiblement bien le pouvoir de l’imagination, de laquelle nait une utopique beauté – ou euphonie, puisqu’il s’agit de musique. Même lorsqu’elle est atonale ou qu’elle crée un certain malaise, c’est toujours une harmonie familière qui éclate in fine. L’étrangeté qui infuse Voix parallèles ou l’effroi que suscite Diableries n’empêchent pas la musique de Chaillou d’être le vecteur d’une infaillible lumière.

Ce premier enregistrement du compositeur est servi par l’interprétation de la pianiste finlandaise Laura Mikkola. Lauréate de nombreux concours internationaux (2e prix au Concours Reine Elisabeth de Belgique et Prix du public), elle a notamment enregistré l'intégrale des œuvres de Rautavaara pour Naxos et le concerto de Tüür avec Paavo Järvi pour ECM. Entièrement consacré au piano, ce cycle de 11 œuvres se situe à la frontière de l’école classique et de la musique contemporaine minimaliste. Il brouille les repères dans un magma d’atmosphères plus merveilleuses les unes que les autres. De l’énergie de Diableries au temps suspendu de Blocs, en passant par la puissance orchestrale d’Empreintes (hommage à Beethoven), ces pièces révèlent un style sensible et singulier qui explore toutes les facettes de l’instrument. Enfin, sa Légende semble provenir des profondeurs. Ce morceau décrit le bruissement d’un lointain récit, dans lequel Chaillou incorpore des soubresauts et quelques nobles accords qui sont autant de promesses de beauté. ©Qobuz

"Le mot « légende » évoque à tous une histoire lointaine et merveilleuse, qui se réinvente à chaque fois qu’on la raconte. Il n’y a plus ni présent ni passé, on entre dans l’espace sans frontières de l’imaginaire et de l’intemporel. En composant Légendes, j’ai voulu retrouver au piano cette même idée de brouillage entre passé et présent, et la liberté de l’imaginaire. Les onze musiques ici proposées se présentent comme un voyage intérieur, un parcours d’écoute qui forme une sorte de fil narratif sans paroles. Illusions, mirages, déformations, échos, tous ces effets sur lesquels joue Légendes ont pu être réalisés grâce à une forme d’intimité avec le piano. Le jeu sur les contrastes (éloignement et proximité, vide et plein) et le travail sur la texture harmonique tentent de créer un nouvel espace sonore que l’on pourrait qualifier de halo spectra-tonal". (David Chaillou)
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