Juon: Rhapsodische Sinfonie, Op. 95 & Sinfonietta capricciosa, Op. 98

Chronique

Eh oui, il existe encore bien des compositeurs méconnus qui méritent largement d’être redécouverts. Ainsi le Suisse Paul Juon, né en 1872 en Russie où se déroula une part considérable de son apprentissage auprès d’Arenski et Taneïev, avant qu’il ne s’installe à Berlin puis en Suisse où il devait s’éteindre en 1940. Ses quelque cent numéros d’opus – quand même ! – couvrent plus ou moins tous les genres, de l’opéra à la symphonie, de la musique pour piano au lied, de la musique de chambre au concerto. Son style romantique tardif témoigne d’un héritage russe évident, mais aussi d’un esprit aventureux en termes rythmiques puisqu’il a très tôt fait usage de mesures inégales ou inhabituelles, tandis que son langage n’hésite pas à explorer une part non-négligeable des modernismes de son époque – hormis le dodécaphonisme et l’atonalité complète qui, décidément, n’étaient pas sa tasse de thé. Il est regrettable que l’URSS le laissa tomber dans l’oubli, puisque c’était un Russe « d’avant la Révolution », tandis que le monde germanique le négligea de par son attachement… au monde russe. Cet album poursuit une vaste collection d’enregistrements du label CPO – tous aussi exceptionnels les uns que les autres et qu’il faudra compléter par quelques enregistrements du label Sterling – qui rendent enfin à Juon sa légitime place dans le panthéon des compositeurs de son temps : cet enregistrement présente deux partitions de l’ultime maturité, la Symphonie rhapsodique et la Sinfonietta capricciosa, toutes deux composées en 1939. © SM/Qobuz