Black Coffee

Chronique

Alors qu'elle effectue la majorité de sa carrière pour le label Capitol, Peggy Lee s'offre une escapade chez Decca de 1952 à 1956. Le temps d'enregistrer l'un de ses meilleurs albums avec Black Coffee.

Sorti à l'origine en 78 tours en 1953, Black Coffee comprend alors huit titres. Quatre titres supplémentaires sont ajoutés pour la sortie en 33 tours en 1956. C'est ce Long Play qui est passé à la postérité et a été retranscrit en format CD.

Enregistré en formation restreinte avec Jimmy Rowles au piano, Pete Candoli à la trompette, ou Ed Shaugnessy à la batterie, Black Coffee est un modèle d'album de jazz féminin vocal. Peggy Lee est indubitablement à son sommet, avec sa tessiture délicate, les syllabes qu'elle détache avec sa sensualité particulière, son art de la respiration où les notes semblent par moment suspendues dans un ralenti aérien.

Le choix du répertoire se porte sur des standards dont Peggy Lee donne des versions sublimes. Avec en premier lieu «  Black Coffee » de Sonny Burke, ballade blues particulièrement moderne. Le «  I've Got You Under My Skin » de Cole Porter est lui aussi transfiguré par le swing naturel de Miss Lee. Ce n'est pas un mince exploit que d'aussi bien s'approprier un titre dont les versions sont innombrables.

Exploit répété, voire amplifié, pour « It Ain't Necessarily So » de Gershwin, où le phrasé de Peggy Lee donne une tournure dramatique au morceau. Moins rebattu, «  A Woman Alone with the Blues » met aussi en valeur l'exceptionnel talent vocal d'une chanteuse qui sait s'alanguir sans s'affadir. 

Black Coffee - parfaitement restauré dans sa version de 2004 - est un album totalement indispensable, véritable précurseur d'un jazz pop féminin qui est revenu en odeur de sainteté depuis la fin des années mil-neuf-cent-quatre-vingt-dix. Peggy Lee est leur vénérable aïeule à toutes. 



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