Beethoven Explored, Vol. 6: The Chamber Eroica

Chronique

Avant l’invention des systèmes d’enregistrement sonore – cylindres phonographiques d’abord, disques puis CD puis électronique pure ; on ne parle pas ici, bien sûr, de musiques mécaniques – les mélomanes disposaient de deux choix : aller au concert à l’extérieur, ou jouer la musique (eux-mêmes, ou faire jouer par des musiciens ad hoc) dans l’intimité de leur foyer. Ce qui interdisait, hormis pour les plus riches, d’aborder le répertoire symphonique. Voire… voire… car les éditeurs, les compositeurs eux-mêmes d’ailleurs aussi, n’hésitaient pas à surfer sur la célébrité de telle ou telle œuvre orchestrale en offrant au public des partitions réduites à un effectif domestique. Ainsi, par exemple, la majorité des symphonies de Haydn existent-elles pour flûte, quatuor à cordes et clavier ; Beethoven lui-même ne résista pas à l’attrait et accepta que sa troisième symphonie, l’Eroica, apparaisse sur le marché des partitions à usage domestique sous forme de quatuor avec piano, deux ans déjà après sa création publique. Version que voici donc enregistré. On remarquera que la partie de piano se taille la part du lion ; c’est qu’en ce temps-là, les pianistes amateurs corrects foisonnaient tandis que violonistes, altistes et violonistes amateurs penchaient peut-être plus vers le grattouillis… Toujours est-il que c’est là un document fascinant et musicologiquement indispensable pour comprendre l’évolution de la mentalité du public vis-à-vis des grandes œuvres de l’Histoire. Et l’auditeur d’aujourd’hui sera étonné combien cette réécriture épurée souligne des détails que, parfois, un surcroît de sonorité orchestrale écrase dans l’ombre. © SM/Qobuz