Bach: Sonatas & Partitas

Augustin Hadelich

Paru le 09/04/2021 chez Warner Classics
Artistes principaux : Augustin Hadelich
Genre : Classique

Livret numérique

Disponible en

24-Bit/192 kHz Stereo

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D’une tendre et douce longueur, l'accord brisé de sol mineur avec lequel Augustin Hadelich ouvre les Sonates et Partitas pour violon seul de Bach se déploie avec une beauté et une originalité rarement perçue de manière si sûre et immédiate dans les enregistrements de cet Everest du répertoire. Ce faisant, le musicien place très haut la barre de nos attentes – doux euphémisme ! – et, tandis qu’il progresse dans son exploration du cahier, remplit largement la promesse originelle.

Initiée pendant le confinement de mars 2020 alors que la vie musicale se trouvait suspendue, cette gravure de studio utilise un instrument monté de manière moderne – à savoir un Guarneri del Gesù de 1744 ayant appartenu à Henryk Szeryng et récemment acquis par Hadelich – mais, chose inédite pour notre interprète, un archet baroque lui permettant de phraser avec plus d’entrain et de clarté. Afin de parfaire cette synthèse entre époques, il use d’un vibrato parcimonieux là où les philologues le gommeraient totalement. Et si les historicistes s’autorisent l’ajout de nombreux d’ornements, le nouveau venu s’en tient la plupart du temps à ceux que Bach prit la peine de noter. S’il fallait donc résumer cette proposition en termes de moyens et de style, nous parlerions d’une hybridation entre interprétation moderne et historiquement informée. Même chose côté tempos : pour en revenir à l’Adagio liminaire de la Sonate en sol mineur, et bien que la grâce légère des nuances douces le rapproche des dix-huitièmistes, il termine plus d’une minute derrière les Isabelle Faust, Rachel Podger et Giuliano Carmignola, tendant ainsi vers les versions de James Ehnes, Itzakh Perlman ou Hilary Hahn. Ce n’est cependant pas toujours le cas : Hadelich se rapproche aussi parfois des baroqueux, comme dans l’Adagio de la Sonate n° 3 en ut majeur ou la célèbre Chaconne de la Partita n° 2 en ré mineur.

Une Chaconne des plus réussies, dont on apprécie entre autres le bel élan rythmique à l’approche de la conclusion vers 9’30 – la pulsation des trois Partitas rappelle qu’elles viennent de la danse. On ne boude pas davantage le plaisir que nous offrent des couleurs telles que celles qui éclairent soudainement l’agitation turbulente de l’articulation à 11’05. Ne manquez pas non plus la BWV 1006, où la résonnance plus puissante et brillante des cordes en acier passe pour une plus-value non-négligeable – écoutez à cet égard la Gavotte en Rondeau.
Voilà pour les longs commentaires sur la technique, la palette et les choix d’interprétation. Cependant, pour encore revenir au premier accord de sol mineur, la qualité qui rend l’écoute de cet ensemble intégralement magique est la multitude de mondes émotionnels. Du profond désespoir à la joyeuse exubérance en passant par la douceur d’esprit, la gravure d’Hadelich nous met en présence de l’âme humaine. Ce qui, que vous préfériez les relectures dans le style d’époque ou le baroque sur instruments modernes, est bien l’essence de cette musique. © Charlotte Gardner/Qobuz

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