Alma

Chronique

Yaron Herman n’est décidément jamais là où on l’attend. Après avoir fait un retour remarqué à la formule traditionnelle du trio acoustique (Songs of Degrees en 2019), retrouvant les joies de l’interplay suite à deux albums (Everyday, Y) dans lesquels le pianiste, animé par un souci d’exploration sonore et d’investigation formelle, assumait ses envies d’ouverture à d’autres esthétiques, ce nouveau disque le présente aujourd’hui en studio, seul au piano, sans filet, sans préparation, sans concept prédéfini – plongeant résolument, seize ans après son premier disque solo (Variations, 2006) dans des zones d’intériorité auquel son style à la fois énergique et cérébral nous avait ces dernières années peu habitués. Dans ce contexte minimaliste, Yaron Herman, à la fois concentré et remarquablement à l’écoute de ses fluctuations intimes, surprend et séduit avec une musique volontairement simple, empreinte d’une grande douceur, déroulant ses humeurs changeantes et nuancées au gré d’une inspiration constamment renouvelée. Passant de façon intuitive d’improvisations spontanées d’une grande liberté gestuelle et truffées de réminiscences au standard All the Things You Are, magistralement déconstruit ; de pièces empruntées à la musique populaire israélienne (Yesh Li Sikuy d’Eviatar Banar) à une très émouvante relecture d’Après un rêve de Gabriel Fauré, Yaron Herman donne à entendre ici toutes les facettes d’une musique impressionniste volontiers mélancolique, constamment lyrique et d’une imagination mélodique intarissable. © Stéphane Ollivier/Qobuz