A dos pasos del Blues

Chronique

Troisième album de Bobby « Blue » Bland, Two Steps from the Blues représente un tournant dans l'histoire du blues et du rhythm'n'blues, le moment précis où les deux idiomes se croisent et s'unissent pour initier la soul des années soixante, portée à son climax par James Brown et Otis Redding. Mais comme tous les précurseurs, le chanteur de Beale Street (Memphis) n'a pas connu les honneurs de ses successeurs tel Marvin Gaye qui lui empruntera « That's the Way Love Is ».

Formé à l'école du gospel, Bobby Bland en a conservé le goût pour le chant harmonieux et la diction claire, de même qu'il emprunte au blues du Sud les accents plaintifs servis par une voix suave et caressante. Dès lors, Two Steps from the Blues qui réunit ses succès du moment prend des allures de best of avec son lot de succès devenus avec le temps des classiques.

Avec l'aide du producteur et arrangeur Joe Scott, le crooner soul fait glisser sa voix sur les cuivres rutilants et embarque ses compositions (majoritairement signées Deadric Malone alias Don Robey, patron du label Duke Records et monnayées un demi-cent l'unité) dans une dimension nouvelle. L'interprétation passionnée de « Two Steps from the Blues », « Cry, Cry, Cry », « Lead Me On », « I Pity the Fool » ou « Little Boy Blue » ne peut rendre insensible leur découverte. Ces nouveautés auxquelles on peut ajouter « I'm Not Ashamed » et « I Don't Want No Woman » écrasent les quelques standards du blues « St. James Infirmary » et « I'll Take Care of You » venant compléter un album déjà parfait. Avec Two Steps from the Blues, Bobby Bland entre dans la légende.

©Copyright Music Story 2015