Samba Touré

Collaborateur précieux de la légende malienne Ali Farka Touré, Samba Touré s’est construit une réputation significative au fil des années. Né en 68, le chanteur et guitariste forme d’abord le groupe Farafina Lolo (« Etoile d’Afrique »), groupe multi-ethnique, où Samba Touré se concentre sur sa voix. La formation sort 2 albums, uniquement au Mali, puis se disperse en 2 formations, dont Super Lolo, qui ne fait paraître qu’un seul album. A la fin des années 90, le groupe disparaît et le Malien est recruté comme guitariste-choriste pour partir en tournée avec le grand Ali Farka Touré. Suite à cette expérience pleine de nouveaux horizons, le groupe Fondo est né, dont un premier album sort en 2003 au Mali, et qui contient le titre Anbafo, qui clôt jusqu’à présent tous ses concerts.


Mais Samba Touré perfectionne son art notamment à travers sa carrière solo, qui débute avec Songhaï Blues ; Homage to Ali Farka Touré, en 2008. L’opus se positionne dans la continuité du « desert blues » du maître malien dans une énergie débordante. Mélange entre guitare électrique et acoustique, sokou (violon traditionnel malien), basse, guitare, gnoni (guitare à quatre cordes) flûtes et tamani (percussions), le son de Samba Touré est aussi un retour aux racines du blues nord-américain. Crocodile Blues, en 2011, présente une atmosphère plus sobre, même si jamais austère. Sorti de l’environnement musical mandingue, le Malien se replonge dans sa culture songhaï tout en célébrant la diversité malienne. L’artiste salue le courage des Soninkés, qui vont à l’étranger au péril de leur vie, et fait part de ses espoirs de paix et de stabilité pour la région septentrionale du territoire, où se situent notamment Tombouctou et Kidal.


Son troisième enregistrement solo, Albala, fut enregistré dans l’atmosphère inquiétante de l’année 2012, lorsque le nord du Mali (y compris son village Diré) succombe aux lois de la charia et à l’islamisme radical, et que Bamako est encore bouleversée par le récent coup d’Etat militaire. Albalase présente comme un traité indéniable sur le bilan humain de la guerre et de la crise politique, et reste avant tout un album engagé et sombre, qui dénonce l’alliance des terroristes islamistes et des rebelles touaregs. Produit par Chris Eckman (The Walkabouts), l’opus reçoit notamment le guitariste invité Hugo Race (Bad Seeds) pour un 10 titres percussif. Samba Touré poursuit sa carrière solo avec son quatrième opus, Gandadiko (« terre de sécheresse » ou « terre brûlante » en songhaï), qui semble indiquer un retour aux textures sombres d’Albala. Les humeurs musicales et les textures varient ; par exemple, Touri Idjé Bibi (« fruits noirs ») s’appuie sur un groove dansant, ponctué de chœurs, et constitue une chanson pleine d’espoir. On retiendra les dernières lignes de la chanson : « Terre, pardon, rivière, pardon / Nous t’offensons tous les jours ». La guitare de Samba reste anxieuse dans son exploration du rock, tandis que la voix du Malien n’a jamais été aussi douce et relaxée. © LR/Qobuz