The Sun Most Radiant: Music from the Eton Choirbook, Vol. 4

Chronique

Le Livre de chœur d'Eton est une collection de manuscrits de musique sacrée anglaise de la fin du XVe siècle. C'est l'une des rares collections de musique liturgique latine à avoir survécu à la Réforme anglaise, destructrice comme toutes les réformes religieuses. Cela dit, il contenait à l'origine de la musique de vingt-quatre compositeurs différents mais hélas, la plupart des pièces sont endommagées ou incomplètes. Le Eton Choirbook fut compilé entre 1500 et 1505 à l'usage du Collège d’Eton ; certains desdits compositeurs ne sont connus qu'en raison de leur inclusion dans le livre de chœur d'Eton, dont John Browne – on ne sait pratiquement rien de lui, ni même quand il est né et mort. Son Salve Regina, ici présenté, est un stupéfiant ouvrage d’une modernité telle qu’on pourrait se demander, par moments, s’il ne s’agit pas d’un pastiche réalisé au XXe siècle d’un imaginaire compositeur de la Renaissance. Que nenni, le manuscrit est authentique, la musique aussi. Remarque similaire pour William Horwood, dont le nom n’existe que dans le Livre de chœur et dans un seul autre manuscrit indépendant ; sa musique, plus en phase avec son temps que celle de Browne, témoignerait presque d’une certaine influence de Josquin, mais que sait-on des échanges en ces temps… L’album se referme avec William Stratford, encore un musicien dont on ne sait quasiment rien si ce n’est qu’il fut moine à Stratford – pas la Stratford où naquit un autre célèbre William, mais un village du même nom, Stratford Langthorne. On ne trouve dans le Eton Choirbook qu’un seul ouvrage de Stratford, mais pas n’importe lequel – son Magnificat complet d’une vingtaine de minutes, un chef-d’œuvre. Tout ceci nous est chanté avec passion par le Chœur de la cathédrale de Christ Church à Oxford, un des grands ensembles vocaux britanniques : six professionnels, six étudiants, et seize voix de garçon. William Walton fut l’un des choristes de l’ensemble… © SM/Qobuz