The Romantic Viola

Chronique

Si l’alto en tant qu’instrument soliste avait fait une timide apparition à la fin du XVIIIe siècle avec Mozart, Stamitz ou Dittersdorf, l’époque romantique le laissa largement de côté, malgré le phénoménal Harold en Italie de Berlioz avec alto solo ; il fallut attendre le troisième tiers du XIXe siècle pour que quelques compositeurs s’intéressent enfin à nouveau à l’instrument en tant que soliste. Brahms bien sûr, mais aussi de plus rares personnages tels que ceux ici défendus par l’altiste Daniel Weissmann et le pianiste Jean-Louis Delahaut : Carl Reinecke, Henri Vieuxtemps et Robert Fuchs, et même Liszt dans un unique ouvrage pour alto et piano, une Romance oubliée qui referme d’ailleurs l’album comme un adieu mélancolique. On est d’ailleurs en dehors du Liszt de la virtuosité, car le compositeur déploie ici une ample mélodie avec accompagnement des plus discrets. On notera, à la fin du morceau, les bribes d’arpèges à l’alto que Berlioz avait inscrits dans son Harold, sans doute un ultime hommage du très vieux Liszt à son ami disparu douze ans plus tôt. Plus virtuoses, les œuvres de Reinecke, Vieuxtemps et Fuchs témoignent du rôle croissant de l’alto dans le répertoire soliste, une tendance qui finira par éclater au grand jour à partir du début du XXe siècle avec les œuvres de Bartók, Hindemith, Walton, Milhaud, Martinů, Zimmermann, Berio, Ligeti ou Kurtág, et la liste croît de jour en jour. Dommage, quand même, que le romantisme n’ait pas plus considéré les richesses de l’instrument, se tournant trop souvent vers le piano solo… © SM/Qobuz