Les chevals

Chronique

Les Chevals, sans aucune référence à l’une des chansons de la sélection, mais en simple clin d’œil aux jeux de langage de l’enfance, célèbrent l’un des retours les plus inattendus du rock français : six années après leur précédent opus en studio, et un congé sabbatique de deux ans, les frères Ledoux se rappellent à notre bon souvenir, et ravivent l’histoire d’u groupe qui connut le patrouillage en règle de toutes les scènes de France, une poignée de tubes éminents, deux nominations aux Victoires de la Musique, et quelques ouvertures prestigieuses de soirées au bénéfice de U2 ou The Clash.

Les dix chansons de ce nouvel effort sont la conséquence d’un travail de plus d’un an en studio, et, en cerise sur le gâteau, du mixage new-yorkais de Mark Plati (qu’on a pu apprécier aux côtés de Gaëtan Roussel, ou Rita Mitsouko). Le premier constat reste la permanence de la fraîcheur d’un groupe, qui sut rendre compatible l’énergie d’un certain rock à la française avec un romantisme induit, voire un sentimentalisme pas usurpé, propices aux grandes envolées. Les noms – et préceptes – édictés ci-dessus ont manifestement présidé à l’élaboration du disque, entre rock aéré en marque de fabrique (le single « Rendez-vous », quelques décharges d’adrénaline sans arrière-pensée (« Summertime »), l’influence d’un Roussel déjà cité (la scansion de « Killer Inside »), et quelques gracieusetés acoustiques.

« L’Empreinte », complainte désolée, s’appuie sur quelques arpèges de claviers et nappes aussi synthétiques que mélancoliques, alors que « Toi tu marches », chanson la plus ambitieuse (et la plus construite) du programme, compile le souffle des ballades sans fin et l’usage de cordes péremptoires. « L’Heure du train » peaufine le creuset de cette nostalgie évocatrice des départs – et des éventuels retours – alors qu’un « Exil » conclusif démontre que les p’tits gars d’Issoudun n’ont rien perdu de leur capacité à émouvoir, parfois grâce au simple gémissement d’un harmonica...et de quelques phrases d’un discours rassembleur de Sir Winston Churchill.

Le groupe va naturellement appuyer la sortie de ce nouvel album par une tournée où deux membres défaillants seront remplacés par le guitariste Pierre Simon, et Sabine Quinet à la basse : une occasion supplémentaire de constater l’évolution d’un groupe, qui refuse manifestement de végéter sur ses acquis, mais préfère regarder demain pour mieux construire aujourd’hui.

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