Le vrai le faux

Chronique

Jeune premier de la classe minimaliste de la chanson en 1996, Jérôme Minière avait tapé dans l'oreille avec son « Avis de défaite » rapidement suivi de Monde Pour N'importe Qui et du double La Nuit Éclaire Le Jour Qui Suit, belles incursions en la matière. Quelque quinze ans après d'albums concept en mélanges electro-pop, le Français exilé à Montréal est toujours debout et le fait savoir par cet album enfin disponible dans son pays d'origine deux ans après sa sortie québecoise.





Le moins qu'on puisse dire est qu'au premier constat l'air canadien a musclé le style et le discours du chanteur dont le ton plus affirmé apporte force de persuasion à la thématique de Le Vrai Le Faux. Minière n'est pas encore Springsteen mais son sens de la mélodie qui fait mouche accordée au verbe acerbe lui va comme un gant et réussit quelques K.O. sur « Rien à vous dire » contant l'histoire d'un loser de base comme internet en fabrique par milliers, « Le Vrai le faux », somptueuse mise en abîme sur la désinformation et l'intoxication médiatique (« Le vrai le faux / Se touchent dans le noir / Car oui vraiment on n'peut pas tout savoir... L'as tu vraiment vécu ? L'as tu rêvé ? Avais-tu les yeux ouverts ?... ») ou la parabole sautillante de « Le Monde est là » quand il se dérobe sous les pieds...





Si les apparences trompeuses et autres faux-semblants de l'époque forment la principale thématique de l'album (« Des pieds et des mains » ou « L'indifférence » sont encore éloquents), d'autres refrains bien troussés comme « L'Amour » ou « Avril » apportent une lueur plus douce et tamisée à ce qui est une grande réussite, digne des plus grands talents francophones du moment.

©Copyright Music Story 2015