Irish Piano Concertos

Chronique

Tiens tiens, des concertos irlandais pour piano… la chose est assez rare pour mériter que l’on s’y penche. John Field (1782-1837), tout le monde connaît, ne serait-ce que « par défaut » puisqu’il est coutumier d’affirmer qu’il fut le grand précurseur de Chopin dans le domaine du nocturne qu’il aurait inventé – ce qui est certainement vrai, d’ailleurs, mais le réduire à ce rôle fondateur serait faire fi, en particulier, de ses sept concertos pour piano. Cet album propose le Troisième composé dans les années 1815, la période russe de Field donc, dont le deuxième mouvement est… un Nocturne, tandis que le dernier se tourne plus vers l’Ouest (quand on regarde de Saint-Pétersbourg) avec une polonaise, une Polacca. Voilà un ouvrage bourré d’invention, dans lequel le piano se mêle discrètement à l’orchestre parfois, se démarque en tant que soliste parfois, Field ne se laissant en rien enfermer dans des modèles préétablis. L’album se poursuit avec le Concerto de Philip Hammond (*1951), un compositeur irlandais parfaitement inclassable, qui se détache résolument de toute mode et de toute école ; le langage de son diabolique et irrésistible Concerto, écrit en 2014, se place sans détour dans la lignée de Martinů, Bartók, Messiaen, Stravinski ou Chostakovitch. C’est le pianiste Michael McHale, celui-là même qui a enregistré cet album, qui en avait assuré la création. © SM/Qobuz